lundi 11 mai 2009

Exposé à l’université Abomey-Calavi


Vendredi le 24 avril, c’est la dernière journée du professeur Jacques Gagnon à l'université à Cotonou. Le cours qu’il donne à un groupe d’étudiants à la maîtrise en Administration Publique prend fin et on m'a invité à entendre leurs exposés oraux. Quatre groupes présenteront un projet de recherche à faire au cours de la prochaine session. Les sujets sont aussi variés que par exemple: la lutte contre la pollution à Cotonou, le développement local et des PME à Cotonou, la persistance du commerce informel pétrolier au Bénin ou les mariages forcés dans les milieux ruraux au Bénin.



La lutte contre la pollution a Cotonou, comme dans toutes les grandes villes, n’est pas une mince tâche. Par contre, dans les pays du sud, le problème est amplifié étant donné l’utilisation de véhicules souvent vétustes, de carburants de mauvaise qualité et la grande difficulté pour les autorités à faire respecter les lois environnementales que ce soit au niveau du transport routier ou de la pollution industrielle. Et laissez moi vous dire que dans toutes les villes d’Afrique que j’ai visitées la pollution se sent et se voit. La qualité de l’air est tellement mauvaise que les autorités médicale s’inquiètent de la hausse marquée des troubles respiratoires et du taux de concentration de CO dans le sang des citoyens.



Au niveau du développement local ainsi que des PME à Cotonou, la situation s’est très nettement détériorée depuis 1995. En effet, les revenus individuels des PME ont chuté de près de 35% et l’apport de ce groupe à l’économie globale est passé de 56 à 50 %. De plus, l’urbanisation rapide de Cotonou causée par l'arrivée des migrants des régions rend la situation difficile. En fait, la croissance du nombre d’entreprises est plus rapide que la croissance de l’économie, donc plus la part de chacune diminue, plus la croissance accélérée de l’économie informelle réduit elle aussi les revenus de l’entreprise déclarée. Les autorités arrivent très mal à lutter efficacement contre la corruption, le blanchiment d’argent et la fraude fiscale, ce qui crée un climat particulièrement défavorable à l’investissement privé.



La persistance du commerce pétrolier informel au Bénin, soulevé par le premier groupe comme problème environnemental, est traité ici dans les détails. Immaginez, plus de 50% des produits pétroliers consommés au Bénin sont issus de l’économie informelle. Le prix étant nettement moins cher, 15 à 30%, il est clair que les gens vont favoriser ce commerce. En fait, les produits sont généralement importés en contrebande depuis le Nigéria. Mais l’essence et le gasoil informels sont de mauvaise qualité, car le raffinage est fait à la hâte, histoire de réduire les coûts bien sûr. On y retrouve du plomb et un paquet d’autres cochonneries que je ne pourrais vous nommer. L’approvisionnement et la distribution étant issus de l’informel, pour une station qui se voit containte d'arrêter ses activités par les autorités, dix autres ouvriront. De plus, ce commerce est extrêmement dangereux. Ce sont habituellement de petites stations en bord de route qui vendent l’essence à partir de bouteilles de verre. Le transport, principalement des mini-tankers d'une tonne et demi montés sur des tricycles scooters, est contrôlé par des handicapés physiques. Enfin, même si les autorités sont au courant de leur existance, souvent elles évitent d'intervenir car celà provoquerait un effet dévastateur sur la classe écomique la plus pauvre, surtout quand on sait qu'un béninois sur dix est lié à ce commerce.



Et pour finir, une dernière équipe nous a entretenu des mariages forcés dans les milieux ruraux au Bénin, autre sujet chaud plutôt incompréhensible pour nous occidentaux. C’est généralement le père de la famille qui promet sa fille en mariage contre une somme d’argent, un pacte commercial ou une promesse quelconque. Malheureusement, cette pratique traditionnelle est en grande partie dûe au manque d’éducation de la population rurale et se retrouve surtout dans les communautés musulmane et animiste. Mais peu importe car il s'agit ici d'un phénomène d'exploitation et une atteinte à la dignité de la femme qui se doit d'être enrayé. D'ailleurs, les autorités et certaines ONG essaient d'en dé-légitimiser la pratique en favorisant l’amélioration du statut de la femme et en faisant la promotion de l’alphabétisation de ces dernières. Bien que de nos jours, la loi stipule qu’un mariage ne doit se faire qu'entre deux personnes consentantes, dans les régions il est très difficile de tout contrôler. Fort heureusement, le métissage culturel provoque la décroissance de cette pratique, mais il reste tout de même encore beaucoup de travail à faire.



Comme vous avez pu le lire, les quatre groupes ont seulement exposé des problématiques d’actualité dans leurs régions. La suite du travail est de faire une étude approfondie sur le terrain, de bien comptabiliser toutes les données recueillies et de fournir un rapport sur leurs trouvailles ainsi que de définir un plan d’action pour aider à éliminer ou réduire la problématique. Bel exemple de prise ne charge, non? À suivre…
Édition: Philippe Guay

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Magnifique exposé ! Je reste totalement outrée des expressions que vous avez pu utiliser et la manière dont le Texte a été écrit. On voit là qu'il y a eu pas mal de travail à faire !
Bravo. (:

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