mercredi 20 mai 2009

Un douanier honnête


Mercredi le 29 avril, j’ai invité appelons le Mr. B. pour rester discret, pour le lunch et bien sûr, nous sommes retournés à la pintade. Mais d’abord, laissez-moi vous dire qui est cet homme: et bien c’est une référence que j’ai eue d'un ami togolais que j’ai rencontré à Montréal avant de partir. Mr. B. travaille depuis près de 25 ans pour la douane togolaise. Il est maintenant de retour aux études dans un programme de trois ans à l’école d’administration publique et, à l’issue de cette formation, il sera promu au titre d’inspecteur.



Avant de se rendre au restaurant, Mr. B. insiste pour passer à la maison histoire de me présenter à sa famille. Il habite une petite maison modeste mais qui ne manque de rien, dans un quartier de la banlieue de Lomé. Sa femme y tient une petite boutique d’alimentation générale, qu’on appelle chez nous un dépanneur, adjacente à la maison. Il a cinq enfants, tous bien scolarisés et il emploie son neveu comme homme de maison et sa nièce pour aider aux travaux ménagers.


Un douanier honnête en Afrique, est-ce possible? Et bien je crois que oui, car la dernière chose à faire en Afrique est de généraliser sur ce genre de situation. Bien que la corruption soit endémique sur ce continent, il y a un nombre grandissant d’individus qui en ont assez des préjugés et qui travaillent très fort pour redorer l’image parfois négative qui est véhiculée par les médias internationaux. Mr. B. fait partie de ce groupe qui mène un combat constant contre l’injustice.


Aussi, j'ai voulu savoir comment pouvait-il être honnête et travailler à la douane? Vous voyez, moi aussi j’ai tendance à juger. Ce à quoi il a répondu: « Tu sais, ce n’est pas toujours facile, à plusieurs reprises, j’ai été muté sur des postes dans des endroits reculés dont personne ne voulait. Tu as vu ma maison, ce n’est pas un palace. Certains de mes collègues, avec beaucoup moins d’expérience que moi, ont des trains de vie plusieurs fois supérieurs au mien. »


Je lui ai demandé comment il était traité par ses pairs. Sa réponse : « Cela dépend de quel groupe de collègues on parle. Au niveau de mes subordonnés, il y a un énorme respect et je sens que mes collègues apprécient énormément mon éthique de travail. Par contre, pour ce qui est de mes pairs et de mes supérieurs, la situation est beaucoup plus tendue. Dans le passé, j’ai dû refuser, à plusieurs reprises, de m’impliquer dans des situations douteuses. Maintenant on ne m’en parle plus. Par contre, je sens la crainte de tous ces gens qui ont peur de perdre leurs acquis. On m’a même offert de représenter la douane togolaise dans le cadre d’une escouade anti-corruption, mais j’ai refusé croyant qu'on me tendait un piège et que c'était là une manière de me forcer à parler selon la ligne générale de la douane sans avoir la possibilité de le faire tout en respectant mes convictions.»


Comment gardez vous espoir? « J’ai la foi, je sais que je mène une bonne vie et que Dieu ne pourra me punir pour cela. De plus, j’ai la chance d’avoir un bon emploi relativement bien rémunéré qui me permet d’envoyer mes cinq enfants à l’école supérieure, d’avoir un foyer confortable sous lequel il fait bon vivre et j’ai la possibilité d’entrevoir une retraite bien méritée dans mon village natal avec ma femme et ma famille, alors pourquoi en vouloir plus ? »
Je suis revenu avec ma super question : pourquoi l’Afrique est si dure? Sa réponse, la meilleure à date à cause de sa simplicité. « Necessity as no law (dans la nécessité, il n’y a pas de loi). »
Édition: Philippe Guay

3 commentaires:

Unknown a dit...

Salut Pat!

C'est Ludo de Ouaga. Je t'attends très vite au Burkina Faso!

Dis-moi,par hasard, aurais-tu l'adresse électronique de Bernard et/ou de Victor?

Merci d'avance et à très vite,

Ludo.

Anonyme a dit...
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