dimanche 7 juin 2009

En route pour le Ghana

Vendredi le 8 mai, je quitte Lomé pour me rendre à Accra, la capitale du Ghana. D’abord je prends un taxi pour me rendre à la frontière qui se situe littéralement dans la ville de Lomé. Je vous ai parlé de ma traversée de la frontière entre le Bénin et le Togo, et bien je n’avais encore rien vu! Cette frontière ci est beaucoup plus active car elle est en ville, mais il y a aussi deux autres variables à ajouter, premièrement la langue qui change du français à l’anglais et la monnaie qui change du franc CFA au Ghana CD. Je me dis que j’ai de l’expérience vu ma dernière traversée sans encombre deux semaines auparavant. C’est donc avec cette attitude de « winner » que je sors du taxi et enfile mon sac à dos pour la grande traversée.


A peine sortie du taxi,un mec commence à me harceler pour changer mes francs CFA pour des CD. J’avais bien pris soin de vérifier sur le net le taux de change pour ne pas me faire rouler. Il me dit que le taux est à 27 donc un franc vaut 27 CD (1 CD vaut à peu près 80 cents CDN) mais le CD a été dévalué il y a quelques années et 10 000 CFA valent 27 CD avec la nouvelle dénomination. Par contre, pour être certain de bien mélanger tout le monde, les mecs qui font le change utilisent encore l’ancienne dénomination.


Je décide de prendre ma chance et de traverser la frontière puis de régler mes histoires de change de l’autre côté. La marche pour se rendre au bureau de l’immigration est pénible car on essaie de me vendre tout ce qui est inimaginable mais je tiens bon et me voilà rendu. Les formalités sont assez faciles du côté du Togo comme du Ghana et puis me voici seul dans la cohue de ce nouveau pays d’accueil. Quelle scène, j’ai à peine franchi la barrière que je suis assailli par les changeurs d’argent ainsi que les chauffeurs et ils parlent un anglais que j’ai de la difficulté à comprendre.


Je n’ai pas réservé mon transport du côté de Lomé car le guide expliquait qu’il était facile de prendre un tro-tro (équivalent d’un taxi-brousse) une fois passé la frontière. Ma première priorité est de changer de l’argent pour payer le transport et une bouteille d’eau car le soleil frappe très fort et il fait chaud. Par contre, les chauffeurs me tirent et essaient de prendre mon sac pour le mettre dans le coffre de leur voiture, mon niveau de stress augmente de manière assez dramatique et sur un ton calme mais autoritaire je dis aux quatre mecs qui se disputent ma clientèle : « you do not touch me and if I need your services I will ask »


La tension baisse un peu et je choisi un type qui me paraît bien pour faire mon change. Je lui demande si on peut parler seuls à l’écart, histoire de négocier. Lui, utilise un ton beaucoup moins calme que le mien pour repousser tout le monde. On s’assoit à l’ombre, ce qui n’est pas qu’un simple détail car on dirait que je sors de la douche. La négociation commence et, fier de moi, je réussis à faire hausser le taux à 27.5 CD pour un franc CFA. Je décide donc de changer 40 000 CFA (100$ CAN). Le mec prend ca calculette de merde et me dit 875 000 CD en prenant bien soin de me montrer le calcul qu’il répète une deuxième fois. Je prends mes CD tout fier de moi, j’ai réussi à bien négocier que je me dis. Hey oui, pour ceux qui ont fait le calcul rapide, ce foutu voleur viens de m’arnaquer de 225 000 CD, un peu moins de 20$, car 27,5 multipliés par 40 000, ça donne 1 100 000. Il faut bien avoir œuvré dans la finance pendant 14 ans pour se faire avoir comme un amateur mais dans le stress de la frontière je ne pouvais tout simplement plus calculer! J’ai compris plus tard que ces arnaqueurs ont des calculatrices qui faussent le résultat, et bien sûr, toujours à leur avantage.


Deuxième priorité, le transport.Et, aussitôt terminé avec le change, les quatre chauffeurs se ruent à nouveaux sur moi pour clore leur vente. Je leur dis que je vais continuer mon magasinage et comparer les prix avec les autres chauffeurs un peu plus loin. C’est à ce moment que le prix passe de 40 à 30 CD pour la course vers Accra seul dans une voiture. J’arrive tout près de l’autobus qui est dans un état lamentable et bien entendu sans air climatisé mais le prix est de 3 CD. C’est à ce moment que j’entends crier « ACCRA, ACCRA, CONDITIONER ». C’est un tro-tro climatisé et il ne reste que quatre places à vendre avant le départ. Il faut savoir qu’ici, ce type de transport ne décolle pas à une heure prévue mais quand le véhicule est plein. C’est une petite mini van Toyota relativement neuve de quinze passagers. Marché conclu, me voilà parti pour la capitale du pays pour la modique somme de 4,5 CD


Le premier 50 de 200 km est assez pénible car la route est en construction, gracieuseté de la Chine, mais aussitôt sorti du chantier c’est une belle route à quatre voies qui nous permet de rejoindre la ville. On voit tout de suite que le Ghana se sort relativement bien d’affaire. Les infrastructures sont en bon état, le parc automobile est plus récent et la ville est moderne, propre et très vivante. La banlieue d’Accra avec ses quartiers résidentiels ressemble plus à la collectivité nouvelle de Longueuil qu’à l’Afrique avec des résidences de taille complètement exagérée. Le terminus du tro-tro est au marché du centre ville et aussitôt sorti je décide de prendre la même attitude qu’à la frontière et de négocier mon taxi pour me rendre à l’hôtel mais une fille togolaise qui a aussi fait route me prend par le bras et me dit : « il faut prendre un taxi tout de suite, vous n’êtes pas en sécurité ici ». Elle négocie le prix avec le chauffeur et s’assure que je quitte ce coin sans problème. Merci beaucoup madame et je me suis rendu compte par la suite que la négociation avec le taxi était juste et honnête. Il ne faut jamais oublier que pour une personne malhonnête il y a encore plus de gens serviables, francs et gentils.


Édition: Philippe Guay

lundi 1 juin 2009

Analyse comparative

Voici un billet d’actualité.


On entend beaucoup dernièrement dans les médias parler des services financiers et des abus flagrants de dirigeants d’entreprises quant à leur rémunération et bonus de performance liés aux résultats des sociétés qu’ils dirigent. Bien que le sujet soit très large et complexe, je veux essayer dans les quelques lignes qui suivent de faire un parallèle entre ces « star CEO » et certains dirigeants politiques de pays pauvres. Bien sûr qu'à première vue ce n’est pas du tout la même chose, mais je crois qu’il y a plus de similarités qu’on peut le penser.

Premièrement, il est à noter que ce texte n’est pas du tout une étude scientifique du sujet, mais bien une analyse personnelle basée sur mes opinions, mes discussions et mon expérience. De plus, je ne tente aucunement de présumer que tous les chefs d’état ou que tous les dirigeants d’entreprises sont des voleurs de grand chemin avec, comme seule ambition, leur enrichissement personnel et la conquête du pouvoir.

Ceci dit, établissons d'abord la situation des politiciens des pays industrialisés. Dans les pays où la démocratie fonctionne relativement bien, il y a des systèmes de contrôle en place qui rendent assez difficile, la possibilité( mais pas l'impossibilité) de mettre en place des politiques qui ont pour seul but leurs intérêts personnels. Nous savons par contre, que tout politicien à la tête d’un état riche, venu le moment de se retirer, n’aura jamais de problème à se repositionner dans la société et de ce fait, il pourra très bien gagner sa vie.

D'autre part, le rôle premier d’un dirigeant d’entreprise est de gérer la société pour laquelle il travaille et d’en assurer la pérennité, c'est-à-dire d’être le meilleur citoyen corporatif possible en respectant la loi, ses employés et ses investisseurs. On sait également que le rôle d’un chef d’état est de gérer le pays pour lequel il a été élu, d’en assurer la pérennité en respectant les lois locales et internationales tout en protégeant ses citoyens et ses partenaires commerciaux. Aussi, je me permets d'ajouter que la période de crise économique que nous traversons m'amène à prétendre que certains de ces dirigeants ont peut-être un peu perdu le sens des valeurs corporatives de base.

En fait, ne devient pas chef d'entreprise qui veut. Il faut une vaste expérience, pour la plupart, une formation et une éducation supérieures de haut niveau, un réseau étendu de contacts ainsi que la capacité de convaincre le conseil d’administration que l’on est le candidat de premier choix pour le poste. D'autre part, pour devenir chef d’état il faut convaincre sa population par un vote électoral juste que l’on est la personne idéale pour le poste. Pour ce faire, il faut une vaste connaissance des enjeux de son pays, une formation et une éducation supérieures de haut niveau, un réseau d’organisateurs politiques et un soutien financier permettant l’atteinte des objectifs, c'est-à-dire gagner les élections.


Il est vrai que toute entreprise publique doit, par une assemblée annuelle, élire son conseil d’administration qui mettra en poste ses dirigeants. Mon expérience dans le domaine m’a démontré à maintes reprises que ce vote est plus souvent qu'autrement décidé à l’avance, car le conseil s’assure généralement de contrôler le vote avant l’assemblée. Le conseil est bien souvent en communication avec les actionnaires principaux qui font leurs demandes et le conseil les prend en considération dans la gestion et la vision de l’entreprise. Aussi, il n’est pas rare de retrouver des représentants des plus gros actionnaires pour siéger au conseil de ces entreprises et c’est à mon avis très normal puisqu'ils essaient tout simplement de protéger leurs investissements.


Pour ce qui est des chefs d’état des pays pauvres on doit savoir qu'ils sont presque toujours issus d’une élite locale et, pour la plupart, supportés par un ou plusieurs pays riches. Ils négocient généralement avec ces derniers les conditions particulières qu’ils pourront leur offrir une fois au pouvoir. À combien de reprises avons-nous entendu parler d’élections manipulées par des dirigeants corrompus s’accrocher au pouvoir à tout prix, voire commettre des meurtres et même faire emprisonner des membres de l’opposition. Et ça, c’est quand il y a des élections car malheureusement très souvent, le pouvoir se prend par un coup d’état. On a qu'à regarder le cas du très récent "président" de Madagascar ou alors celui de la Guinée Bissau ou de la Guinée.


Parallèlement, une fois en poste, le rôle des dirigeants d’entreprise est de faire le meilleur travail possible pour faire croître la société dans le but, comme je l’ai mentionné plus haut, d’en assurer la pérennité. Mais trop souvent, cet individu privilégit son entente de compensation et de bonus et comprend très bien que les décisions aux effets à court terme comme la relocalisation de la production en Chine, les coupures dans la recherche et le développement ou tout simplement, comme on l’a vu avec le système bancaire, la mise en péril de la solidité de l’entreprise par le développement de produits dangereux, de mauvaise qualité ou contraire à une bonne éthique d’entreprise lui seront très bénéfiques. Toutes ces décisions sont, bien entendu d’une vision à très court terme ne font que gonfler les profits de l’entreprise pour, par la suite, faire augmenter de manière artificielle la valeur des actions et de ce fait créer une énorme valeur pour les détenteurs d’options de l'entreprise. Les plus gros bénéficiaires de ce genre de bulle spéculative sont trop souvent les membres de l’équipe de direction qui, à leur tour, peuvent revendre leurs options et dégager un profit monstre sans avoir aucun risque de perdre quoi que ce soit advenant l'échec d’une stratégie d’affaire. De plus, ces dirigeants ont bien pris soin de se négocier un parachute doré advenant une rupture de contrat qui, tient donc, survient habituellement quand les choses vont mal.


Le chef d’état corrompu qui arrive au pouvoir soit par des élections, disons aux résultats douteux, ou alors par un coup d’état, sait très bien que la situation peu se retourner contre lui en un rien de temps. C’est pourquoi, plusieurs décisions sont vites prises et ce, dans le seul but de remplir les coffres le plus rapidement possible. Sans oublier que ce dernier s’assurera de mettre en place toute son équipe"personnelle"; histoire de consolider son pouvoir. Dans le contexte des pays pauvres, un chef d’état déchu ne pourra probablement jamais commencer à faire des conférences ( prenons exemple sur Bill Clinton à la fin de son deuxième mandat; même si les É-U ne constitue pas un pays pauvre), et par le fait même être en mesure de se construire une belle petite retraite. Non, il doit remplir le coffre pendant son règne car à la fin, s' il survit, le reste de sa vie sera fort probablement passée dans l’ombre.


Présentement, nos médias s’en donnent à cœur joie en publiant les salaires de tous ces banquiers qui ont délibérément mis tout le système financier au bord du gouffre. Il est vrai que les actions de ces derniers, vu les conséquences que l’on connait maintenant, ont été très osées et qu'elles forcent les autorités réglementaires à faire un gros ménage depuis longtemps nécessaire. Les règles du jeu sont en train de changer et pour le mieux j’espère. Bien sûr, le lobby des dirigeants qui n’ont aucun intérêt à voir ces changements survenir, travaille très fort pour garder une main mise sur le pouvoir économique que leurs positions leur confèrent, mais la réalité qui nous frappe de plein fouet mène la vie de plus en plus dure à la classe moyenne ainsi qu’aux plus démunis.


Vous avez peut-être entendu parler des trois chefs d’état africains mis en demeure par les tribunaux français en regard de la quantité grossièrement phénoménale de leurs possessions foncières sur le territoire de la France. Ce n’est certes pas le gouvernement français qui a insisté pour en faire une grosse histoire, mais bien un groupe d’ONG qui se sont mises ensemble et qui ont réussi à convaincre un juge d’instruction de porter plainte contre les présidents du Gabon, de la Guinée Équatoriale et du Congo Brazzaville. Même que cette situation met franchement le gouvernement français dans l’embarras, car il s'avère que ces trois pays sont d’anciennes colonies et par le fait même, des gros partenaires commerciaux.


Voilà ma comparaison; que l’on prenne les dirigeants d’entreprises ou les chefs d’état, plusieurs parallèles peuvent être faits. Encore une fois, le but de l’exercice n’est pas de mettre tous ces gens dans le même bateau, puisqu'il existe encore Dieu merci, des visionnaires, des bâtisseurs, des fonceurs pour nous permettre d’espérer un jour voir un monde meilleur. Ce sont les abus extrêmes d’un groupe ou de l’autre qui poussent à crier haut et fort que des changements sont nécessaires. Attendons maintenant la suite et poursuivons la pression sur tous nos dirigeants politiques et corporatifs, car les conséquences d’un échec pourraient être sans contredit absolument dramatiques....


Édition: Philippe Guay

samedi 30 mai 2009

Visa pour le Ghana

En général, il est assez facile de se procurer un visa pour entrer dans les pays d’Afrique de l’ouest. Quand la situation politique est relativement calme et que l’on demande un visa touristique, les choses vont assez bien. Ce ne fut pas le cas du Ghana qui m’a donné un peu de fil à retordre. L’histoire remonte à ma première tentative quand j’étais au Bénin. Bien que mon guide mentionne qu’il est possible de se procurer un visa à la frontière, mon expérience m’a démontré que d’avoir les documents bien en règle avant l’arrivée au pays est vraiment plus facile.


Je me présente donc à l’ambassade du Ghana à Cotonou pour faire ma demande. La dame au comptoir me demande si je suis résident du Bénin, je luis réponds que je suis ici en touriste et que je réside au Canada. « MONSIEUR IL FAUT FAIRE VOTRE DEMANDE DE VOTRE PAYS DE RÉSIDENCE » me répondit-elle sur un ton condescendant. Ma première erreur fut d’être un peu sarcastique et de lui répondre, d’un ton un peu moqueur : « je suis ici maintenant, pas au Canada, est-il possible pour moi d’aller dépenser mon argent dans votre beau pays? ». Je crois que c’est à ce moment qu’elle a décidé de ne pas m’aider mais elle me remet brusquement une demande à remplir.


Je remplis ce formulaire, mais il me manque quelques informations. Vous la voyez venir n’est ce pas? Je m’approche du comptoir et je lui dis que je ne suis pas certain de ma date d’entrée ou de sortie car je n’ai pas d’itinéraire fixe. « PAS DE DATE PAS DE VISA » rétorque-t-elle. Ma prochaine question concernant ma réservation d’hôtel, je ne la pose même pas et je quitte l’ambassade sachant très bien que ce ne sera pas elle, cette fonctionnaire à la c… qui me donnera mon visa. Je me dis que du Togo ce sera probablement plus facile étant donné que c’est le pays voisin.


Avec l’expérience de ma première tentative, je me prépare avant de me pointer à l’ambassade. Sous la recommandation de Philippe, mon hôtelier, je fais une réservation à l’hôtel Paloma de Accra pour le vendredi 8 mai. J’ai enfin tout ce qu’il me faut pour faire une demande complète de visa. Tout en faisant attention de laisser mon sarcasme de côté, je me rends au bureau des visas de l’ambassade du Ghana au Togo pour 9 h. Je remplis ma demande en entier et je la remets à la préposée. Elle regarde le tout et me dit que cela devrait être prêt dans 48 heures.


Je suis sur le point de quitter quand j’entends, « M. Painchaud, je vois que vous arrivez du Bénin, puis-je savoir pourquoi vous n’avez pas fait votre demande de Cotonou? ». Je sens la tension monter, mais je dois rester calme. Ben, heu, parce que… à ce moment je sais que je n’ai pas de bonne réponse donc je dis la vérité ; « ils m’ont dit qu’ils donnaient des visas aux résidents du Bénin seulement ». « M. Painchaud il fallait faire votre demande de visa avant de quitter le Canada». « Madame j’ai quitté mon pays il y a plus de trois mois et vous donnez des visas avec une validité de trois mois seulement, si j’avais pris mon visa avant de quitter il serait déjà expiré!». «M. Painchaud vous avez totalement raison, je ne sais pas ce que je peux faire, attendez à la réception un instant». Au bout de trente minutes ; «M. Painchaud, je crois avoir trouvé une solution, votre visa sera prêt à 13 h 30, mais je dois vous dire que je vous fais une faveur, il vous en coûtera donc 20 000 CFA au lieu de 10 000 CFA.


Le premier 10 000 je l’avais déjà payé et j’ai un reçu en poche, mais elle me dit que la balance sera payable à Nina, la réceptionniste, sur reprise de mon passeport. Vous vous doutez bien que je n’ai aucun reçu pour ce deuxième 10 000 CFA. Toujours plaisant de se faire voler tout en le sachant et de devoir dire merci avec le sourire!!!


Édition: Philippe Guay

vendredi 29 mai 2009

Le mal du pays



Voici un billet un peu plus léger suite à l'article sur l’autocensure.




En revenant de Kpalimé, je me suis senti envahi par un mal du pays intense. Que faire pour me remettre sur pieds et continuer mon voyage sur une note agréable? Soudain, j'ai eu un éclair de génie. Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt? Ben oui, ça me paraissait évident: j’avais tout simplement un urgent besoin de poutine extra fromage!


La Résidence Océane, c’est le nom de l’hôtel où j’habite à Lomé, est tenue par Philippe, un français installé au Togo depuis plusieurs années. Assez ouvert d’esprit, ce cher hôtelier ne pouvait pas me refuser ce chef d’œuvre de la gastronomie québécoise d'autant plus que tous les ingrédients étaient disponibles. Bon j’avoue que ce n’était pas la poutine de Victo ou de Chicout, mais c’en était une de ma création que j'ai baptisée: la poutine normande!


Il me fallait: une bonne portion de frites fraiches et cuites juste à point, du fromage emmental, rien de moins, le tout noyé dans beaucoup de sauce normande à la crème fraiche et champignons. Vous êtes tous jaloux hein…? Et bien, c’était vraiment délicieux, je crois que je vais la proposer à la Banquise ou au Pied de Cochon(lieux réputés pour la Poutine à Montréal) histoire d’améliorer leurs menus. C’est donc ainsi, que pendant quelques heures, je me suis senti bien et heureux comme à la maison en dégustant ma poutine normande.


Par contre, j'avais oublié un petit détail: c’est qu'après avoir dévoré ce met succulent, on est envahi par un sentiment de culpabilité énorme en détachant le bouton de son pantalon parcequ'on a le ventre qui veut exploser. Sans compter mon foie qui m'en a parler pendant les deux jours qui ont suivi. Mais bon, quand on a le mal du pays: aux grands maux les grands moyens.



Édition: Philippe Guay

jeudi 28 mai 2009

Autocensure

Ça fait quelques jours que je n’ai rien écrit sur mon blogue, je dois vous dire qu’il y a une double raison pour justifier ce laxisme de ma part. Outre le fait que depuis quatre jours je n’ai pas de connexion internet fiable, la raison principale de mon silence vient de ma frustration d’avoir eu à effacer deux billets ainsi que l’édition de deux autres. Et oui, on m’a demandé de m’autocensurer pour des raisons que je comprends très bien. On m’a dit qu’au Togo, les choses étaient compliquées et que de parler politique en citant des noms pouvait être dangereux.


J’avoue que mon manque d’expérience ici est flagrant: j’ai nommé deux personnes alors que je n'avais la permission de seulement une d’entre elles. Je croyais sincèrement que j'avais fait les choses dans les règles, mais on a vite fait de me ramener à l’ordre quand j'ai associé Mr. B. à une autre personne qui ne voulait absolument pas être liée à mes billets à connotation politique. Par contre, Mr. B. de son côté m’avait autorisé à le citer sans restriction, mais l’autre individu ne l’a pas vu ainsi. Aussi, par respect pour lui et comme mon but n’est pas de nuire à qui que ce soit, j'ai accepté de retirer mes deux billets.


Voilà encore une autre facette de cette Afrique qui continue de s’ouvrir à moi petit à petit. Laissez-moi vous dire que ce n’est pas toujours évident, car quand je crois en avoir saisi un peu plus, je me retrouve aussitôt dans une situation délicate qui me pousse une fois de plus à remettre mes conceptions en question. Cette expérience, je le crois sincèrement, n’enlève rien à ma détermination de comprendre ce qui se passe ici, mais une chose est certaine, je ferai plus attention dans l’avenir.


Cette incident m’a amené à parler à plusieurs personnes de ce continent directement impliquées et parmis les commentaires reçus on m’a dit que mon blogue était très intéressant, mais qu’il était plutôt porté sur les aspects négatifs de l’Afrique. J,ai été désolé de l'apprendre et à ceux là je m'en excuse. En fait, le but de mon exercice est de vous expliquer ce que je vois, ce que je vis et de vous les rapporter selon mon interprétation. Ne vous ai-je pas parlé de la beauté des plages de la Casamance, de l’atmosphère magique qui règne au pays Dogon, de la grandeur et de la splendeur du parc du W au Bénin et tout dernièrement de l’air frais et de la flore des montagnes de Kpalimé en plus et surtout de toutes ces belles rencontres avec des gens qui m’ont accueilli comme un frère. Assurément, toutes ces expériences resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Par contre, il m’est impossible de ne pas mentionner les fois où je me suis fait arnaquer; et il y en a plus d’une ou des fois où j’ai dû sortir quelques billets pour pouvoir continuer mon chemin ou de la misère et de la déprime dans les yeux des mendiants de Dakar ou de Bamako ou alors de la pollution de Cotonou et des dépotoirs improvisés à la sortie de toutes les villes et bien sûr des problèmes politiques.


Ceci dit, je ne cherche pas à juger puisque je n’ai pas l’expérience ni les compétences pour le faire. Je ne cherche pas à profiter ou abuser; je suis ici de mon bon vouloir avec mes propres moyens. Je ne suis pas non plus voleur; j'y dépense mon propre argent. Non, mon but est simple: je cherche tout simplement à comprendre dans le but de davantage m’épanouir pour, à ma manière, peut-être faire une différence.


Édition: Philippe Guay

lundi 25 mai 2009

Les montagnes de la région de Kpalimé



Après une grosse journée de visite et de transport dans des conditions pas toujours faciles, ce sont les montagnes qui nous attendent en ce samedi 2 mai. La route de Kpalimé vers le sommet à flanc de montagne nous offre une vue de la vallée à couper le souffle! D’un côté, c’est la forêt tropicale avec ses palmiers, ses kapokiers, ses bananiers et ici et là une petite cascade qui rend le décor magique, puis de l’autre c’est une rangée de manguiers qui sert de garde fou.




On se croirait dans un tunnel naturel sur presque toute la montée. Le sommet est à près de 800m d’altitude. Le panorama qui nous est offert ne peut absolument pas être rendu par aucune photo. D’une part on voit la vallée où se trouve Kpalimé et d’autre part se trouve le Ghana où on distingue plusieurs villages en montagne. Fait à noter, nombre de parties de cette zone forestière ont été victimes de coupes à blanc, des flancs de montagne complètement dénudés d’arbres où l’érosion commence à faire son œuvre. malgré le fait que les coupes soient devenues illégales et que le reboisement soit fortement encouragé, il y a encore plusieurs villageois qui s’adonnent à cette pratique. Vous vous souvenez de la phrase ; « necessity has no law », et bien, quand il faut manger et que tout ce que vous savez faire, c’est de couper des arbres, vous coupez des arbres.





Nous poursuivons avec une visite de la station météorologique et comme c’est le plus haut sommet du Togo, les données collectées ici servent au trafic aérien, à la planification de l’agriculture, et bien sûr à la prévision du temps. Elles sont enregistrées et communiquées à Lomé à toutes les heures, jour et nuit.



Nous nous arrêtons ensuite au camp de montagne de Prosper, collectionneur de papillons, dans le village de Kouma-Konda, pour prendre une petite bière bien froide. Cette région est reconnue pour sa multitude de papillons et d’insectes aussi bizarres les uns que les autres! Regarder cette bibitte qui ressemble plus à une branche de bois qu’à un insecte!! Malheureusement pour moi, ce n’est pas le temps des papillons mais l’endroit reste des plus charmants et j’y ai même acheté une petite toile africaine peinte avec des peintures végétales seulement. Ici les gens viennent pour l’écotourisme, le calme et l’air frais des montagnes.



Édition: Philippe Guay

jeudi 21 mai 2009

Petite histoire du Togo




Comme je vous l’ai déjà mentionné, une bonne partie du Ghana, du Togo et du Bénin fut à l’époque, le royaume du Dahomey. Pour ce qui est du Togo, contrairement au Bénin qui lui fut colonisé par les français, ce sont les allemands qui se sont d'abord installés ici en signant un traité de protectorat avec le roi Mlapa à Togoville en 1884. Nommé Togoland par ces derniers, la région connut une période de croissance économique considérable, mais les togolais n’appréciant guère les travaux forcés, les taxes et les campagnes de pacification imposées par les allemands furent très heureux de voir les troupes anglaises arriver lors de la première guerre mondiale. D’ailleurs le Togo fut la première victoire des alliés. À la fin de la guerre, la société des nations divisa le Togoland en deux, les deux tiers, le Togo actuel, fut acquis par la France et le reste fut annexé au Ghana par les anglais. Cette partition est encore très controversée par le peuple Ewe et certains groupes politiques revendiquent encore la réunification.





Le Togo français devint une république autonome qui gagna sa pleine indépendance en 1960 avec Sylvanus Olympio. Premier président du pays. Voyant la situation dans la colonie britannique voisine, le Ghana, beaucoup plus intéressante que dans sa nation, Olympio essaya de se rapprocher et de tisser des liens économiques avec l’Angleterre et les États-Unis. En 1963, le Togo fut le premier état indépendant de l’Afrique à subir un coup d’état militaire. Le président Olympio fut assassiné aux portes de l’ambassade américaine alors qu’il tentait de s’y réfugier. Je me demande qui supportait ce coup d’état vu les politiques que le président essayait de mettre en place. Son successeur, Nicolas Grunitzki, fut immédiatement renversé par le sergent Kabyé Étienne Gnassingbé Éyadéma qui dirigea le pays d’une main de fer jusqu'à sa mort dans des conditions nébuleuses en 2005.




Dans la catégorie rumeur, il parait qu’Éyadéma possédait dans son palais présidentiel une pièce ultra secrète connue uniquement de lui et de deux de ses gardes personnels. Cette pièce aurait été une fosse aux lions et il s’en servait pour, disons régler les petits problèmes de gestion interne. D’ailleurs, il aurait été victime de ses propres ambitions alors qu’il essayait de liquider un de ses fils( il en aurait plus de 60 !), disons un peu trop ambitieux. A son décès personne n’a témoigné avoir vu le corps du défunt président.



Durant les années 1990, la France commença à faire pression sur le président pour mettre en place un système multipartiste dans le but d’établir une vrai démocratie. Éyadéma ne voulu rien savoir, c’est ainsi qu’à son départ précipité, son fils Faure Gnassingbé Éyadéma lui succéda lors d’un nouveau coup d’état. Bien sur, il y eut des élections présidentielles à plusieurs reprises mais toutes furent contestées jusqu'à la dernière en 2006 où plus de 500 personnes trouvèrent la mort. Comme le disent les Togolais avec un petit sourire en coin, notre système est une monarchie constitutionnelle.






Pour ce qui est du fils Éyadéma, plusieurs croient que c’est une amélioration par rapport à son père mais les sceptiques ont aussi une voix forte. Surnommé M. Demi Journée car il préférerait la fête au travail, il est comme son père, un coureur de jupons invétéré. Attention mesdames togolaises car s' il jette son dévolu sur vous, c’est la prison dorée qui vous attend. Il aurait même fait arrêter un mariage car il trouvait la mariée à son gout. S’il fait de l’œil à une fille, la famille au complet se mobilise pour faire sortir cette dernière du pays avant qu’il ne soit trop tard !
Bien sûr, ce petit texte est très sommaire et un peu vulgarisé mais c’est beau tout ça pour un des pays les plus pauvres de toute l’Afrique et qui a comme plus gros partenaire commercial, la France…

P.S. Pour les faits, ils viennent du Lonely Planet, pour les interprétations elles viennent de mes observations.



Édition: Philippe Guay