lundi 30 mars 2009

Ile de Gorée


Près de deux kilomètres au large du port de Dakar se retrouve l’ile de Gorée, un petit joyau d’architecture colonial un peu comme St-Louis mais beaucoup mieux préservé. L’ile étant tout près de Dakar, le volume de touristes permet aux résidents de l’ile ainsi qu’au gouvernement sénégalais de mettre les ressources nécessaires à sa conservation. Quelques 300 résidents habitent en permanence sur les lieux. D’ailleurs Tidiane, qui est notre guide pour la journée, y a habité plus de vingt ans et sa mère y détient encore une maison.


Aussitôt arrivés sur l’ile, nous nous dirigeons vers la maison des esclaves, je vous en reparle dans un billet dédié. Ensuite c’est la visite du musée des femmes qui explique très bien leurs places dans la société sénégalaise. Par contre en tant qu’homme, cette visite montre l’énorme travail qui reste à faire ici et ailleurs pour que vous les femmes puissiez avoir votre juste valeur. Plus je passe de temps en Afrique, plus je me rends compte que le travail n’est pas divisé de façon équilibrée. La polygamie, l’excision, le mariage des jeunes filles, l’inceste ne sont que quelques exemples de situations encore beaucoup trop fréquentes ici et ailleurs.


Nous continuons notre tour de l’ile dans les petites rues toutes fleuries avec des maisons aux couleurs variées, vraiment très beau et j’oubliais, sur l’ile il n’y pas de véhicule à moteur, ça fait du bien. Nous montons tout en haut du Castel, un énorme bunker qui a servi à défendre Dakar contre les allemands durant la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui ce bunker est squatté par les résidents de l’ile qui essaient de se trouver une petite place.


Au retour vers la basse ville, le chemin est rempli de petit vendeurs d’art africain mais d’une boutique à l’autre on trouve toujours la même chose. L’artiste qui se démarque et fait quelque chose de différent fait de meilleures affaires mais est mal vu par ses collègues. Ici il y a le grand financier George Soros qui s’est acheté une grande villa avec vue sur la mer, il y a aussi créé la fondation George Soros qui fait des recherches économiques ici au Sénégal.



Dakar est un monde de contraste, au retour de l’ile Tidiane me demande de venir à la maison pour le déjeuner. Tidiane habite chez Youssef, un riche industriel de Dakar. Nous sommes reçus comme des rois et un excellent repas nous est servi. La discussion est intéressante mais n’a rien à voir avec la raison de mon voyage en Afrique. Je suis très reconnaissant pour l’invitation mais…


Édition: Véronique Janvier

Balade en Guinée Bissau


Pour notre dernière journée en Casamance, Érick nous propose une balade en quad (VTT) sur la plage qui longe la côte jusqu’en Guinée Bissau. À première vue, le quad, bien que faisant sortir le gamin en moi, n’est pas vraiment mon truc. C’est bruyant, ça pue, ça pollue mais aussitôt sortis de la zone habitée de la plage, le paysage qui s’offre à nous est vraiment fantastique ! Le quad ne devient que l’outil nécessaire pour se rendre ici : de loin la plus belle plage que j’ai eu la chance de voir.


Après 5 km de plage vierge, nous arrivons à la frontière de la Guinée Bissau. Le seul moyen de savoir que nous sommes dans un autre pays est un ancien poste de garde à l’abandon car ici la frontière n’est pas protégée. Nous sommes sur un petit bras de terre qui appartient à la Guinée mais qui n’est accessible uniquement que par cette plage où, à plusieurs km du plus proche village guinéen, nous remarquons un homme poussant son vélo dans le sable, chargé de 4 caisses de cigarettes. Le trafic de cigarettes, ce ne sont pas les autochtones de chez nous qui l’ont inventé.



Édition: Philippe Gay

dimanche 29 mars 2009

La pouponnière des sœurs Franciscaines


Véronique voulait que je rencontre un de ses amis. Tidiane, un ancien professeur universitaire. Maintenant à la retraite, Tidiane adore montrer son pays au visiteur. Il arrive chez Véronique avec Sabine, une autre touriste, et me demande si je veux aller avec eux visiter la pouponnière des sœurs Franciscaines basée à Dakar non loin d’où j’habite. Pourquoi pas, plus je vois, plus je comprends.

Ici, les sœurs reçoivent les enfants abandonnés par leurs familles, pour la plupart, la mère est décédée suite de complication lors de l’accouchement. La pouponnière est sur deux étages, au premier on retrouve des gamins de 6 à 12 mois puis au deuxième c’est les nourrissons, le plus jeune n’as que 6 jours. Ce n’est pas un orphelinat, c’est un centre qui s’occupe des enfants jusqu'à l’âge de un an. Pour la plupart des familles, quand la mère décède, ils n’ont pas les moyens de payer les frais médicaux et la formule pour nourrisson. L’an dernier, tous sauf un sont retourné dans leurs famille respective. Présentement, à la pouponnière il y’a sept couple de jumeaux, ont m’explique que l’accouchement de deux bébés étant plus difficile, les complications sont plus fréquentes.


J’ai eu une bonne discussion avec sœur Hilda qui m’a expliqué comment le centre fonctionne. La pouponnière sert d’école pour former les puéricultrices, elles apprennent aussi l’économie familiale, l’éducation sexuelle, l’hygiène, le jardinage tout pour être une bonne femme de maison. Bon nombre de bénévole viennent régulièrement pour donner main forte au centre, surtout à l’heure des repas. Pour les boires, c’est une usine de production, chaque enfant à un tag et après avoir bu sa quantité de formule, ce tag est accroché au mur pour s’assurer que tous ont bien mangé.


J’ai été assez impressionné de voir cette sœur essayer de donner le plus d’amour possible a chaque poupon qui lui passe entre les mains. Cette femme ne fait que ça du lever au coucher. Je comprends un peu plus ce que veut dire, s’abandonner pour la cause. Ici les enfants débutent très difficilement dans la vie et je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour Élizabeth, ma filleul, Charles Alexandre et Loïc, la chance qu’ils ont eu. Je vous dis que ça donne une bonne dose d’humilité de faire cette visite, surtout quand on me dit que des centres comme celui si il y’en a partout dans le pays.







Édition: Véronique Janvier

Les pirogues


Ce sont ces grands bateaux de bois que vous avez vus sur quelques photos que j’ai mises sur Facebook. Ici c’est l’outil de base pour la pêche artisanale surtout pratiquée par les Sérères. Les pirogues sont fabriquées à la main sur les berges de tous les villages de pêcheurs et peuvent faire jusqu'à 25 mètres. Ils utilisent le bois de caïcédra pour faire les coques. La pirogue, une fois terminée et peinturée, est coulée pour faire gonfler le bois et avoir une bonne étanchéité. Elles sont peintes avec des motifs animés et multicolores, on dirait une œuvre d’art.

Avec un équipage de 5 à 10 hommes, les plus grosses embarcations peuvent rester jusqu'à un mois en mer. Ils chargent toutes les denrées nécessaires pour tenir pendant cette période. Les poissons pêchés sont conservés dans du sel ou récoltés par des navires qui font le tour des pirogues qui restent en haute mer. Beaucoup de poissons sont exportés vers le Mali et le Burkina sous forme séchée, salée ou fraiche.


Malheureusement les réserves de poisson du Sénégal s’épuisent rapidement à cause de la surpêche artisanale ainsi que la pêche industrielle. Le gouvernement sénégalais a vendu des droits de pêche aux chinois qui ratissaient tout avec d’immenses bateaux usine. Le prix d’échange de ces droits de pêche: le stade de foot Léopold Sédar Senghor ! Le travail de pêcheur aujourd’hui est d’autant plus difficile dû à ce manque de poissons.


Un gros fléau quand même récent, près de 5 ans, au Sénégal est le voyage en pirogue pour atteindre les côtes de l’Europe et essayer d’y entrer clandestinement. Le voyage coûte de 300 000 CFA à 500 000 CFA, certains parents vendent tout ce qu’ils ont pour payer le voyage à leurs fils. Au bout de 7 jours en mer ces petits "bateaux" atteignent les iles Canarie puis les côtes de l’Espagne. Ils sont une centaine par pirogue, vous imaginez. !Selon Papis le taux de succès serait de 10%. Une bonne partie des voyageurs clandestins est interceptée en mer et renvoyée à la maison. Des vols charter retournent ceux qui se font prendre une fois rendus en Europe et le nombre de décès en mer est inestimable. Les passeurs, eux, collectent leur argent avant le départ et, bien entendu n’offrent aucune garantie. Initialement, les clandestins essayaient de se rendre par la route mais les contrôles se sont multipliés et il est devenu presque impossible de se rendre de cette façon. Les voyages en mer en pirogue ont commencé dans le nord du pays mais maintenant c’est de la Casamance que se font la majorité des départs car il est plus facile de se cacher dans les bolongs en préparation du départ.


Comme aux États-Unis avec le Mexique, Cuba ou Haïti, le désespoir de la situation locale et les possibilités que peuvent offrir l’état providence poussent les sénégalais à prendre des risques énormes. Quelques exemples de personnes qui ont réussi la traversée et qui retournent un peu d’argent au pays créent un faux espoir. De plus certains sénégalais qui sont retournés à la maison avec voiture, femme et argent n’aident en rien la situation. La majorité des voyageurs qui a réussi se retrouve sans papier en France et bosse au noir dans des conditions assez difficiles.


Édition: Philippe Gay

samedi 28 mars 2009

Les imbécilités de l’Afrique

J’imagine que je n’ai pas fini d’en voir de ces situations qui ne font pas beaucoup de sens alors se sera une chronique qui reviendra au fil de mon voyage.




Dans le village de Djembering, ils ont construit une mosquée dans le mauvais sens. Dans le but de convertir les animistes de la Casamance, beaucoup d’efforts ont été déployés dans la région. La religion musulmane demandait au gens de laisser tomber le porc, le vin de palme et l’animisme. Tout bon casamançais va toujours manger son cochon et comme vous l’avez vu dans le dernier billet, le vin de palme fait parti de la vie. De plus pour le casamançais, la vie n’a pas de sens sans l’animisme. Donc cette mosquée est à l’abandon et comme un mauvais sort a été jeté dessus, elle n’a jamais servi.



Dans le village de Élinkine, dans le but d’acheter des votes, les dirigeants en quête du pouvoir ont fait des choses qui n’ont pas d’allure. Le marché du village est installé depuis plusieurs centaines d’années sur les berges du bolong. Le gouvernement, à cause des élections municipales qui ont eu lieu le 22 mars dernier, est en train de construire un marché à quelques centaines de mètres de là. Un beau marché tout neuf qui ne servira pas car les femmes du village vont certainement continuer de tenir leur marché exactement où elles le tiennent depuis toujours.


Un peu plus loin dans le village, pour les élections présidentielles, le gouvernement central fait construire une criée, un marché d’échange de poisson, pour remplacer l’ancienne criée non loin de là. Et bien cette belle criée toute neuve, est finie depuis plus de deux ans et personne n’y a échangé un seul poisson.




À Dakar non loin de l’aéroport Léopold Sedar Senghor, Le gouvernement a débuté la construction d’une gigantesque statue d’un Franc-maçon (voir Franc-maçonnerie sur Wikipédia). Cette statue une fois terminée sera d’une hauteur de plus de 10 étages et coûtera plus de 20 000 000 000 de francs CFA, ça fait plus de 50 000 000 de dollars canadien. Bonne idée quand 70% de la population de Dakar est sans emploi ou fait partie de l’économie informelle.



Comme je vous le disais plus tôt, le parti de Wade c’est fait humilier aux élections municipales et une des raisons de cette écrasante défaite est en fait un mouvement de protestation contre cette stupidité, qui sera probablement très belle et imposante mais combien de gens auraient pu manger. Ce besoin de la part des dirigeants de l’Afrique de laisser leurs marques est maladif et pourtant combien plus de reconnaissance auraient-ils eu de la part des gens à faire le choix social ? Mais tout ça ce n'est que mon opinion.



Édition: Véronique Janvier

Le vin de palme



Je vous ai parlé à plusieurs reprises du vin de palme, ce magnifique champagne local qui est tout simplement la sève du palmier à huile. Avec une technique similaire à l’extraction de l’eau d’érable, les hommes de la région exploitent les palmeraies naturelles, non Arold, il n’y a pas de grosse palmeraie commerciale comme on retrouve en Asie du sud est. Les grimpeurs doivent monter tout en haut du palmier et faire une petite incision à la base de la branche où pousse le fruit. On y place un petit entonnoir fabriqué avec une feuille de palmier, on accroche une bouteille et il ne reste plus qu’à attendre.


Les grimpeurs exploitent une vingtaine de palmiers à la fois et doivent monter pour collecter le vin matin et soir. Une branche peut produire un demi-litre par jour, quand le palmier ne produit plus cette quantité, on cesse l’exploitation pour une période de un an, le temps que l’arbre se refasse des forces. La femme du grimpeur, qui vit habituellement dans sa palmeraie, vient tous les jours rejoindre son mari en brousse, elle apporte de la nourriture et retourne au village avec la production de la veille. Elle peut parfois marcher sur plus de 20 km avec 40 litres de vin frais sur la tête pour retourner au marché vendre ce nectar qui est très souvent le seul revenu familial. Un litre de vin se vend 300 CFA, moins d’un dollar.


La particularité du vin de palme, c’est la rapidité de fermentation de façon naturelle. Frais sorti de l’arbre il peut faire 1 à 2 degré d’alcool, après 24 h, il est à l’équivalent d’une bière et au bout de 72 h on peut compter 12 degrés. Les grimpeurs se gardent tous une petite réserve de vieux vin, trois jours, qu’ils consomment avec les copains jusqu’aux petites heures du matin dans leurs petites cabanes en brousse. Le vieux vin devient rapidement imbuvable car il est trop vinaigré. On distille ce qui n’est pas bu pour en faire un alcool très fort ressemblant à de la gniole qui peut faire 60 degrés.


Les grimpeurs en brousse qui consomme leur produit feront toujours un petit rituel animiste avant de boire. On fait une offrande au fétiche, une petite incantation, on verse une petite goutte au sol pour partager avec les esprits et voilà une petite cuite en perspective… Il est certain que ce n’est pas tous les grimpeurs qui se saoulent la gueule tout les soirs, mais à écouter les petites histoires du coin, ces exploitants ne se privent pas. Les femmes aussi en boivent mais habituellement elle ne consomment qu’une petite quantité de vin très frais. Et comme les histoires de nos grand-mères, pour un petit, voire quelques semaines seulement, rien comme une petite cuillérée de vin frais pour atténuer tout ses maux et l’endormir facilement.
Avec l’ancien bateau qui faisait la liaison avant la catastrophe de 2002, le vin de palme était transporté vers Dakar régulièrement à partir de l’ile de Carabane, mais maintenant ce commerce est impossible donc le vin récolté en Casamance est consommée sur place. Plusieurs casamançais se sont expatriés dans le nord du pays pour exploiter les palmeraies naturelles des côtes du fleuve Sénégal. C’est cette production qui est donc consommée à Dakar.

Édition: Véronique Janvier

Festivités au village



Après un repas copieux sur la plage du village nous avons eu droit à un petit spectacle de danse, de musique et de lutte traditionnelle. La place centrale du village, emplacement où ont lieu les festivités, tout le monde s’assoie en cercle pour regarder cette présentation des rites et coutumes Diolas. Au centre on retrouve un gros Bombolon, un gros tambour fait d’une seule pièce d’un bois très dur, de caÏcédra, de manguier ou de teck. Ce tambour qui sert de basse pour la musique traditionnelle est aussi un outil de communication, on l’appelle le tam-tam téléphone, car les plus gros peuvent être entendus jusqu'à 25 km. Des messages annonçant des naissances ou des décès sont transmis entre villages à l’aide de cet instrument. La façon de frapper le tambour détermine le message, seuls les initiés peuvent comprendre.




Les lutteurs, c'est-à-dire tous les garçons du village de moins de trente ans dans leurs habits traditionnels s’installent en cercle autour du Bombolon pour faire la danse préparatoire au combat de lutte. Cette fête à lieu une fois par an, au mois d’août, quand les rizières ont été ensemencées et avant la récolte. Les festivités ont lieu pour remercier Dieu de la pluie et pour espérer une bonne récolte. La fierté du village est en cause car les gens de la région se font compétition entre communautés. Le village hôte reçoit ses voisins, les loge, les nourri et cette confrontation peut durer une semaine.





La lutte, bien qu’un divertissement, est un passage obligatoire des garçons Diolas. La danse se veut un exercice de réchauffement et d’intimidation. Chaque garçon a sa chanson et cherche à décourager son adversaire en exhibant sont corps, ils s’attachent le haut des biceps avec des garrots pour pomper les muscles et faire ressortir les veines. De plus, les propos de leurs chants, sont un outil pour faire peur à l’adversaire. À l’âge de trente ans, les Diolas terminent leurs règnes de lutteurs et se marient pour fonder leurs famille. Les meilleurs lutteurs, bien sur, se marient avec les plus belles filles et le fait de se faire terrasser, c'est-à-dire, d’en manger une maudite, est une humiliation pour toute la famille. Ses sœurs en pleurent pendant des jours. Mais tout ces combats sont de bonne guerre et si le succès n’est pas au rendez-vous, il y a toujours l’année prochaine.

Édition: Véronique Janvier

vendredi 27 mars 2009

L’école à Cachouane





En arrivant dans le village Papis nous emmène faire un petit tour de l’école. Les villageois semblent très fiers de leur petite école, il y a deux classes en blocs de béton pour les grands et deux classes en feuilles de palmiers pour les plus petits. Dans la cour ils ont déjà amassé les blocs de béton qui permettront de construire une troisième classe. Au Sénégal, le gouvernement s’occupe de fournir le professeur et le matériel pédagogique mais c’est la responsabilité du village ou de la ville de fournir les installations écolières. C’est uniquement quand l’école est construite que le gouvernement fait sa part donc l’implication de la communauté et essentielle. Dans le cas de Cachouane, le gouvernement municipal de la région a donné les ressources pour une seule classe et les habitants se sont occupés de la construction.




Quand les touristes viennent faire la visite des lieux, ils ont droit à une explication du programme de classe, d’une visite de l’école ainsi que de l’Hymne national chanté par les élèves. Pour le village cette petite visite est très importante car, bien sur, à la fin de la visite les gens sont invités à faire une petite donation au fond de l’école. Pour ceux qui ont apporté des cahiers ou des crayons, ce sont aussi des objets très appréciés car se sont les parents qui doivent payer la fourniture scolaire et certains enfants sont retournés à la maison parce qu’ils n’ont pas de crayon. L’argent qui est collecté pourra payer les matériaux pour la construction, des livres et peut-être un jour un ordinateur. C’est l’APE, association de parents d’élèves qui s’occupe de gérer tout les budgets de l’école. L’argent est déposé dans une caisse bien verrouillée et le conseil de l’APE ouvrira cette caisse en présence de trois personnes, ils feront le décompte et déposeront l’argent dans le compte de l’école, histoire d’éviter toute confusion. Dans la situation où le matériel scolaire appartenant à l’école est excédentaire, on le donne aux collégiens qui étudient à l’extérieur. Ha oui j’oubliais, à Cachouane il n’y a que l’équivalent de l’école primaire et pour le Lycée il faut déplacer les étudiants dans les plus grosses villes si les parents en ont les moyens.


Pour le Sénégal, selon Papis, le taux de scolarisation pour l’école française, le programme gouvernemental, est de 43%, 95% pour la Casamance. Si l’on rajoute l’école coranique ce pourcentage peut atteindre 60% selon Tidiane, un ami de Véronique. Par contre l’école coranique n’enseigne pas un programme complet mais se concentre sur le coran où les élèves, les garçons, apprennent à réciter le coran par cœur. Je vous ai parlé dans un autre billet de ces petits enfants mendiants, ce sont les talibés, et bien c’est le Marabout, le chef spirituel musulman, qui pousse les jeunes à mendier pour leur fournir un salaire. Ils doivent obtenir une certaine somme pour revenir, et la nuit venue ils étudient le coran puis ils ne dorment que quelques heures. Les talibés peuvent parfois être pris dans cet engrenage jusqu'à l’âge de 15 ou 16 ans. Dans certains cas des enfants musulmans vont à l’école française le jour et l’école coranique le soir.


Selon Tidiane, l’école coranique forme quand même assez bien les jeunes, ils apprennent à lire et à écrire l’arabe tout en se concentrant sur l’étude du coran, bonne idée pour un pays où tout ce qui est « business » se passe en français et la langue maternelle est le wolof. Je reste assez septique sur la gestion du système coranique et l’explication de Papis m’effraie un peu. Il dit que l’école française est vue comme une source d’aliénation culturelle, une menace pour l’islam. C’est pourquoi certaines familles musulmanes insistent sur l’éducation coranique. Pour contrer ce problème et encourager l’école française, le gouvernement a intégré un cours d’arabe, non obligatoire, au programme scolaire. Toute cette polémique concernant les écoles coraniques et le faible taux de scolarisation sont définitivement un frein au développement mais les chiffres sont en hausse pour ce qui est de la scolarisation française.



Ce phénomène d’éducation française qui en est à former seulement sa deuxième ou troisième génération commence quand même à porter fruit. Certain jeunes qui apprennent à l’école l’hygiène par exemple, retourneront à la maison et avec fierté diront à leur mère qu’il faut se laver les mains ou qu’il ne faut pas laisser d’eau stagnante dans un contenant ou dans un vieux pneu qui traine dans la cour. L’enseignement que les jeunes reçoivent est donc passé au plus vieux. La scolarisation des jeunes filles est aussi en forte hausse. L’éducation en Afrique est le problème le plus criant. La religion, la corruption politique, le manque d’espoir, la condition féminine, la criminalité, la santé, la famille, sont tous des sujets remis en question quand la population a les outils pour mieux s’interroger et se prendre en main.

Édition: Véronique Janvier

jeudi 26 mars 2009

L'affaire Marlboro


J'ai décidé de briser le silence dans l'affaire Marlboro. La pression médiatique devenue insupportable j'ai décidé de m'expliquer. Je pourrais monter une histoire comme Arold a mentionné mais non, je suis un homme et j'ai eu un moment de faiblesse. Ça y est je l'ai dit et j'assume. Je comprends maintenant la vie dans les médias, on travaille fort pour pour se faire une réputation sans reconnaissance et puis hop une petite bêtise, on fait la une et tout est remis en question. Par contre les vrais, ceux qui réussissent, sont les gens qui n'abandonnent pas et qui se prennent en main pour se relever et être plus forts. J'ai donc décidé qu'au Mali je serai non fumeur. À tout ceux qui ont soulevé la polémique, c'est de bonne guerre, je m'ennuis de vous et je vous aime.


Patrick.

mercredi 25 mars 2009

Les Fromagers

Ces grands arbres imposants que l’on retrouve un peut partout en Casamance s’appellent des Kapokiers. Par contre le nom commun est le fromager. Certain disent que le bois de Kapokier était utilisé à l’époque pour faire les boites de fromage camembert mais cette théorie est douteuse. Selon Papis, le terme fromager vient de l’expression forme âgée à cause de la forme des racines qui ont l’air d’une peau ridée et aussi parce que ces arbres peuvent vivre très vieux. Comme le vieil arbre au centre de Djembering, selon les habitants il aurait plus de huit siècles et certains encore plus vieux.




Cet arbre a un caractère sacré dans la région, à l’époque les rois Diola étaient enterrés dans les trous des racines de l’arbre et avec le temps ces trous se referment complètements donc l’arbre devient un tombeau.




La racine très prononcée de la base du tronc servait de matériel pour faire des portes et des fenêtres. On coupait un trou de la grosseur nécessaire et puis le temps refermait ce trou pour reprendre sa forme.














Les petites pirogues à rames peuvent être sculptées d’une seule pièce taillée dans le tronc.

















Pour qu’un animiste puisse couper un arbre il doit lui demander la permission avant, par un rituel fétiche. Comme tout doit être équilibre, couper cet arbre pourrait défaire l’équilibre ce qui pourrait avoir des conséquences graves.

Il est aussi fréquent de voir la base d’un fromager comme lieu de culte animiste ou l’on retrouve le fétiche, habituellement une petite roche, dans le trou d’une de ses racines.


















En Pirogue dans les bolongs


Jeudi le 19 mars, lever tôt pour se rendre à l’embarcadère Basilie, point de départ pour une journée dans les Bolongs en pirogue. Les bolongs, se sont les plans d’eau, c’est la région de l’arrière pays, la mer qui pénètre la Casamance par le fleuve, s’étire pour donner place à plusieurs petites ramifications à l’intérieur des terres, ce qui procure un terrain rempli de petites iles et de bras de terres. Nous prenons place à bord d’une grande pirogue en bois, plus de dix mètres, je dis nous car je partage cette expédition avec un groupe de français du Club Med. « Son de tambours… » Je vous présente Papis notre guide pour la journée, un casamançais dont la famille musulmane c’est installée dans le petit village de Cachouane il y a plusieurs générations de ça. Un chic type qui s’exprime d’un français impeccable et qui a toujours une belle petite histoire drôle, ce qui contribue beaucoup à rendre cette journée merveilleuse.



Les Palétuviers, selon Papis le seul arbre capable de pousser dans l’eau salée, aussi appelés les Mangroves, longent tout ces petits bras de mer dans lesquels nous naviguons. Ici cet arbre est utilisé dans sa totalité. D’abord les branches et les racines servent à faire les faux plafonds des maisons traditionnelles. Le faux plafond est installé pour prévenir des risques causés par un incendie dans les toits de chaume. Si une toiture prend feu, ce faux plafond est la seule protection dans l’éventualité d’un effondrement de cette dernière. Et la raison d’utiliser ce bois est du au fait que l’arbre pousse dans l’eau salée donc les termites ne peuvent s’y attaquer. Des petites huitres s’attachent au tronc des arbres, la partie qui baigne dans l’eau. On coupe les mangroves pour collecter ce met qui est un petit régal. On met la branche au feu, l’huitre s’ouvre par la chaleur et puis on déguste. Avec l’écorce les villageois faisaient des infusions pour se protéger de la lèpre. L’importance de cette ressource crée donc une surexploitation ce qui résulte en problème d’érosion le long des berges. Il y a un programme de reboisement en place mais encore une fois, les ressources manquent.



Nous naviguons tout près d’un petit village dont j’oublie le nom. La particularité de cet endroit, nous explique Papis, est du au fait que le sol rejette les morts. Quand les gens cadavrent, expression qui fait sourire tout le monde, s’ils sont enterrés sur l’ile, et bien le lendemain matin le corps remonte à la surface. Il y a plusieurs générations que le phénomène n’a pu être vérifié mais selon certains géologues, le phénomène pourrait être possible parce que la nappe phréatique est peu profonde. Les villageois qui décèdent sont transportés et inhumés sur l’autre berge. De la plage si l’on creuse un tout petit peu on trouve de l’eau douce et cela est vérifiable bien que l’eau salée ne soit qu’à quelques mètres.



Depuis les problèmes dans la région, l’armée sénégalaise a installé un point de contrôle à l’entrée du village de Élinkine, notre premier arrêt. Sympathique village de pêcheurs, il est peuplé de plusieurs ethnies comme les Sérères, les Lédous mais aussi de guinéens, de ghanéens et de gambiens. Bien sur il y a aussi les Diolas et tout ce beau monde vit en parfaite harmonie. Histoire de se rafraichir et de faire un petit arrêt pipi, nous sommes accueillis dans le campement villageois d’Élinkine. Ces petites auberges ont été construites partout en Afrique par des ONG pour accueillir les touristes qui veulent vivre la vie de village. Ce dernier était à l’abandon du aux problèmes de la région mais un français, M. Luc Danges, y a investi ces propres sous pour le remettre en état et en est le directeur. Les revenus sont partagés entre lui et les gens du village.



C’est au village de Cachouane que notre balade en pirogue prend fin. Petit village de 300 âmes où plus de la moitié sont musulmanes, Papis fait partie de la plus grosse famille. Son père a trois femmes et 15 enfants. Comme il dit, c’est l’équipe de foot avec supporters. Dans les mentalités africaines, le nombre d’enfants c’est la richesse. Même si un homme n’a pas d’argent pour envoyer ses enfants à l’école, il est quand même considéré comme riche s’il a une grosse progéniture. Beaucoup d’enfants veut dire beaucoup de main d’œuvre donc une plus grosse capacité agricole, comme au Québec il y a 50 ans. Cachouane étant accessible par bateau ou par voiture permet à ce petit village d’être une destination recherchée par les éco-touristes. Tout le village est dans le coup pour les groupes qui y viennent, d’abord ont est reçu pour le lunch, ça fait travailler le restaurant et ses employés, il y a des petites boutiques et de se promener à pied dans le village est une expérience très enrichissante. Les gens sont avenants et ouverts au dialogue. L’argent récolté est réinvestit dans les installations communautaires comme la case santé, l’école et la salle des jeunes.





Après le repas nous avons eu droit à une séance de danse et de champs traditionnels. Cette cérémonie est la préparation au combat de lutte qui est le sport national, je vous reviendrai sur se sujet dans un billet dédié. Pour le retour vers le Cap, nous montons a bord d’un 4X4 car la piste de sable ne pourrait permettre aux voitures de se rendre à bon port. Sur le chemin du retour nous avons droit à un exposé sur la faune et la flore de la région. Vraiment les gens de Cap Safari vous organisent des circuits à couper le souffle, un gros merci à Erick et Fred.

mardi 24 mars 2009

Balade dans les villages avoisinants


Deuxième journée au paradis, j’en profite pour faire la grasse matinée et une bonne marche sur la plage presque désertique, quelques toubabs moi et les vaches qui font la grosse vie. Au bout de la baie il y a le Club Merde (Med) qui s’accapare une bonne partie de ce petit coin perdu. Je décide d’aller voir leur installation, je me dis que, peut-être un jour, quand je serai grand, je reviendrai ici et que ce genre de produit touristique fera mon affaire. Me baladant avec mon I-Pod bien crinquer, je me dirige vers ce qui me semble le point central. À peine ai-je mis un orteil sur la pelouse, le garde me prend en chasse mais il est derrière moi et je ne peux entendre ses cris. Il me rejoint et sur un ton déplacé me dit de quitter sur le champ car je n’ai pas le droit d’être là. Alors M. Club Merde, vous venez de perdre un client potentiel et de plus vous faites la une de mon blog, ça c’est du marketing.


De retour à l’auberge, Érick nous prépare une bonne salade de produits locaux frais, ha une salade… Il nous a organisé un petite balade en 4 X 4 pour l’après midi avec chauffeur. Pédro Da Silva, ça sonne africain n’est-ce pas ? Hé bien Pédro est un Guinéen (la Guinée Bissau était une colonie portugaise) qui habite au Sénégal, il a un permis de travail sénégalais et il travaille avec Érick depuis plusieurs années. Je suis revenu avec la ma même question, pourquoi l’Afrique est si dure ? La réponse de Pédro, un bon catholique marié avec six enfants, est bien différente que celle de ce vieux Mauritanien Touareg du nord. Pour Pédro, la raison principale c’est les relations interpersonnelles. Il me dit que si un africain, de par sa persévérance et d’une bonne éthique de travail, se démarque et accompli quelque chose de bien, son entourage essayera de le tirer vers le bas. Cet entrepreneur qui réussi devra se battre contre les siens pour que son succès puisse continuer. Même si cette personne partage, par envie, sa communauté tentera de détruire sa réputation pour ramener sur un pied d’égalité l’individu qui prend trop de place. Il y a ce phénomène d’égalité ou d’équilibre ici, qui prend ses racines dans l’animisme. Tout est sur une même base, que se soit végétal, animal ou minéral. De plus suite à l’abolition de l’esclavage et la période d’indépendance, les gens ici vont tout faire pour éviter la domination. Les sénégalais sont très fiers et ne veulent pas montrer de signe de faiblesse, ce qui est normal, mais parfois une situation délicate peut devenir une grosse confrontation.



Notre premier arrêt est le village de Boucotte, une moitié est animiste et l’autre catholique. Les vieux sages ont décidé de faire un petit musée pour expliquer au touriste comment les gens vivaient avant et de faire un exposé sur les rites et coutumes des Diolas. Le musée de Kadioute n’est pas le Guggenheim mais la visite est bien montée, le décor naturel et en plein air est magnifique et l’information est très pertinente. Nous avons commencé la visite à trois et rendu à la fin presque tous les enfants du village s’étaient joins à nous, vraiment, chapeau pour l’accueil.





Deuxième arrêt, le village de Bouyouye. Pas d’électricité, pas d’eau courante mais une petite communauté de quelques 200 habitants qui vivent en harmonie avec la nature. Les enfants se contentent de peu et l’esprit est à la fête mais je demande à Pédro où sont les hommes. Il me répond qu’ils sont dans la brousse à récolter le vin de palme. Selon lui, les femmes travaillent beaucoup plus que les hommes. Elles plantent le riz, récoltent le riz, s’occupent du potager, portent les enfants, éduquent les enfants, font la cuisine, le ménage, le lavage et gèrent les finances de la famille. Pour ce qui est des hommes, ils retournent la terre au printemps, récoltent le vin de palme, boivent le vin de palme et rentrent à la maison, le temps d’un petit colo-colo, puis d’un dodo. Papis, je vous le présenterai bientôt n’est pas d’accord avec cette explication simpliste de la vie des Diolas, selon lui, les femmes ont énormément de mérite mais la tâche est équitable, nous y reviendrons.







Dernier arrêt, le village de Dgembering, il est le plus gros de la basse Casamance avec 3000 âmes. Dans le centre où sont organisées les festivités, Il y a un énorme fromager, vraiment impressionnant, les résidents disent qu’il aurait plus de huit siècles. Je commence à me sentir un peu plus imprégné de la culture et que le sens de mon voyage est réel. Mes craintes se dissipent peu à peu et le contact avec les gens est de plus en plus facile. Bien sûr, je reste vigilant mais la vie ici, selon Papis n’est pas si dure que ça. Les gens semblent heureux avec peu et résigné parce que c'est ça leurs vies, par contre le contact avec les toubabs se fait assez bien. En Casamance, quand les gens se croisent ont dit Kassoummaye, ça va, et l’on répond Kassoummaye kep, ça va bien.




Édition: Véronique