mercredi 18 mars 2009

Pourquoi l’Afrique est si dure?


Ça y est, je viens de vivre ma première vraie frustration en Afrique. Ça s'est passé au Parc National de la Langue de Barbarie. En fait, je devrais plutôt dire à l'entrée du parc. Je vous raconte. Comme souvent dans les entrées de parcs, sur un tableau étaient affichés les tarifs: 7500 CFA pour trois personnes et 2500 CFA par personne additionnelle!? Comme on était deux, Abou et moi, c'était clair, on allait devoir payer 7500 CFA!? Mais, car il y a un mais, aujourd'hui la gardienne en avait décidé autrement; elle avait choisi de fixer un coût spécial d'entrée à 12 500 CFA juste pour nous. "Il faut prendre un guide" nous informa-t-elle. " Pas nécessaire, j’en ai un guide, merci", lui dis-je. "Mais non monsieur, il faut prendre mon guide" insista-t-elle. Après quelques échanges, voyant qu'elle ne voulait rien comprendre, je décidai de tourner les talons et parti. C'est alors que, comme par magie, comprenant qu'elle avait peut-être été un peu trop gourmande, madame se mit à baisser les prix. Elle nous cria: "revenez, revenez ça va". Mais elle ne réussi qu'à m'écoeurer et on est partis. Tant pis pour la gardienne. Elle venait de se gagner un beau gros 0 CFA tout rond. Bien sûr, je comprends que je suis un toubab en Afrique, mais pas un toubab épais. Et puis il y a des limites à se faire prendre pour une banque à pitons. Je n'allais tout de même pas payer 12 500 CFA pour une expédition qui aurait dû m'en coûter 5000, merde.



Heureusement, je n'allais pas rester frustré bien longtemps. En effet, tout près de là se trouvait un vieux touareg mauritanien plutôt rigolo, qui se précipitait sur tous les touristes qu'il croisait pour leur vendre des babioles, histoire de gagner sa vie. C'est ainsi, qu'en s'approchant de moi, il m'a demandé d’où je vennais. Je lui répondis que j'étais canadien. "Tu es fleur de lys ou feuille d’érable?" Surpris, je lui répondis aussitôt que j'étais les deux. "Ça c’est bon", répondit-il, "il faut être uni pour être fort". Celle-là elle était vraiment forte. Reconnaissez que, peu importe l'allégeance politique à laquelle on appartient, c'est assez extraordinaire de rencontrer un vieux touareg venant du désert, et n'ayant jamais quitté l'Afrique, au courant du débat politique des québécois. Aussi, comme je le trouvais plutôt sympa, j'ai eu envie de poursuivre la conversation. Après avoir échangé quelques généralités, je me suis permi de lui poser la grande question qui me brûlait les lèvres: pourquoi croyez-vous que l’Afrique est si dure? Il hésita à répondre trouvant ma question un peu trop vague. Je lui demandai alors: pourquoi la vie est si dure ici? Encore une fois, il hésita et me dit: pourquoi tu veux savoir ça? Parce que je suis vraiment intéressé à comprendre l’Afrique. "Tu ne pourras jamais la comprendre", me répondit-il. Ha bon? Et pourquoi?, lui dis-je. "Parce que tu es blanc". "Essaie quand même". Et il y alla finalement de sa réponse." Il y a trois choses qui rendent la vie difficile en Afrique. D'abord, il y a le temps; le soleil et la chaleur rendent les gens un peu paresseux. C’est normal, mais ça ralenti considérablement le rythme de travail. Ensuite, la majorité des africains ne mangent pas à leur faim. Ce qui crée un manque d’énergie évident. Troisièmement, probablement la raison la plus importante, c’est l’islam qui demande de prier 5 fois par jour et de toujours être propre pour s’agenouiller devant Dieu. Le problème c'est que tout ce temps passé à prier n’est pas du temps utilisé à accomplir le travail que chacun devrait faire pour que le continent puisse prendre la place qui lui revient dans ce monde" conclu-t-il. Un peu étonné, je le remerciai de son honnêteté en lui achetant un de ses trucs et parti, content d'avoir réussi à poser ma question sans provoquer de remous.



Ça n'est qu'un début, mais je crois que je commence à me faire une petite idée de l’Afrique. En effet, depuis mon arrivée sur le continent, il y a quelques impressions qui perdurent. D'abord, je sens que les toubabs, les blancs, sont encore vus comme des colonisateurs. Aussi, il me semble que l’envie soit au cœur de bien des problèmes et pousse les gens d'ici à ne penser qu’à leur poche, eux aussi. Puis il y a les religions qui prétendent ne faire que du bien, mais qui travaillent très fort pour s'assurer que rien ne change. Sans oublier les politiciens qui, de concert avec les chefs spirituels, s’accrochent au pouvoir par toutes sortes de moyens. Et, il y a nous, les pays riches, qui continuent d’exploiter les richesses africaines au plus faible coût possible, dans le seul but de maintenir notre belle et douce qualité de vie. À suirrrre.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Interessant.
Je suis curieuse d`entendre la reponse a ta question venant d`un chretien et d`un animiste.

Et je ne crois pas que tu sois vu comme un colonisateur sinon, comme tu as dis plus haut, comme une banque a pitons, et aussi comme un descendant des colonisateurs...
Alors, tu leur `dois`.

Belle demarche jusqu`ici et tes lunettes a verres roses changent de couleur peu a peu pour prendre des teintes de realite.

Bientot, tu passeras statut de toubab a celui de `yovo` quand tu arriveras au Togo et au Benin.

Belle continuite comme on dit.

Särge a dit...

Salut Pat

Benoit XVI (moi je préfère Henri IV ou Led Zeppelin II)est en Afrique . Il s'est encore brillamment illustré en disant que "les condoms ne règlent pas le problème du sida, voire qu'ils l'aggravent".

Si tu l'vois, pitch-y donc une roche.

Särge

Nicole a dit...

Salut Pat.
J'aurais aimé t'envoyer un article sur l'Afrique paru dans l'Actualité, je l'ai numérisé et converti en PDF, mais je constate que je ne peux uploader de documents sur le blog...Je vais essayer via Facebook.
...Et je suis d'accord avec Särge, pour Sa Sainteté, ne le manque pas, parce que j'ai passé 3 jours sans décolérer, et que je suis fière aujourd'hui de n'avoir jamais fait baptisé mes enfants,...

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