vendredi 27 mars 2009

L’école à Cachouane





En arrivant dans le village Papis nous emmène faire un petit tour de l’école. Les villageois semblent très fiers de leur petite école, il y a deux classes en blocs de béton pour les grands et deux classes en feuilles de palmiers pour les plus petits. Dans la cour ils ont déjà amassé les blocs de béton qui permettront de construire une troisième classe. Au Sénégal, le gouvernement s’occupe de fournir le professeur et le matériel pédagogique mais c’est la responsabilité du village ou de la ville de fournir les installations écolières. C’est uniquement quand l’école est construite que le gouvernement fait sa part donc l’implication de la communauté et essentielle. Dans le cas de Cachouane, le gouvernement municipal de la région a donné les ressources pour une seule classe et les habitants se sont occupés de la construction.




Quand les touristes viennent faire la visite des lieux, ils ont droit à une explication du programme de classe, d’une visite de l’école ainsi que de l’Hymne national chanté par les élèves. Pour le village cette petite visite est très importante car, bien sur, à la fin de la visite les gens sont invités à faire une petite donation au fond de l’école. Pour ceux qui ont apporté des cahiers ou des crayons, ce sont aussi des objets très appréciés car se sont les parents qui doivent payer la fourniture scolaire et certains enfants sont retournés à la maison parce qu’ils n’ont pas de crayon. L’argent qui est collecté pourra payer les matériaux pour la construction, des livres et peut-être un jour un ordinateur. C’est l’APE, association de parents d’élèves qui s’occupe de gérer tout les budgets de l’école. L’argent est déposé dans une caisse bien verrouillée et le conseil de l’APE ouvrira cette caisse en présence de trois personnes, ils feront le décompte et déposeront l’argent dans le compte de l’école, histoire d’éviter toute confusion. Dans la situation où le matériel scolaire appartenant à l’école est excédentaire, on le donne aux collégiens qui étudient à l’extérieur. Ha oui j’oubliais, à Cachouane il n’y a que l’équivalent de l’école primaire et pour le Lycée il faut déplacer les étudiants dans les plus grosses villes si les parents en ont les moyens.


Pour le Sénégal, selon Papis, le taux de scolarisation pour l’école française, le programme gouvernemental, est de 43%, 95% pour la Casamance. Si l’on rajoute l’école coranique ce pourcentage peut atteindre 60% selon Tidiane, un ami de Véronique. Par contre l’école coranique n’enseigne pas un programme complet mais se concentre sur le coran où les élèves, les garçons, apprennent à réciter le coran par cœur. Je vous ai parlé dans un autre billet de ces petits enfants mendiants, ce sont les talibés, et bien c’est le Marabout, le chef spirituel musulman, qui pousse les jeunes à mendier pour leur fournir un salaire. Ils doivent obtenir une certaine somme pour revenir, et la nuit venue ils étudient le coran puis ils ne dorment que quelques heures. Les talibés peuvent parfois être pris dans cet engrenage jusqu'à l’âge de 15 ou 16 ans. Dans certains cas des enfants musulmans vont à l’école française le jour et l’école coranique le soir.


Selon Tidiane, l’école coranique forme quand même assez bien les jeunes, ils apprennent à lire et à écrire l’arabe tout en se concentrant sur l’étude du coran, bonne idée pour un pays où tout ce qui est « business » se passe en français et la langue maternelle est le wolof. Je reste assez septique sur la gestion du système coranique et l’explication de Papis m’effraie un peu. Il dit que l’école française est vue comme une source d’aliénation culturelle, une menace pour l’islam. C’est pourquoi certaines familles musulmanes insistent sur l’éducation coranique. Pour contrer ce problème et encourager l’école française, le gouvernement a intégré un cours d’arabe, non obligatoire, au programme scolaire. Toute cette polémique concernant les écoles coraniques et le faible taux de scolarisation sont définitivement un frein au développement mais les chiffres sont en hausse pour ce qui est de la scolarisation française.



Ce phénomène d’éducation française qui en est à former seulement sa deuxième ou troisième génération commence quand même à porter fruit. Certain jeunes qui apprennent à l’école l’hygiène par exemple, retourneront à la maison et avec fierté diront à leur mère qu’il faut se laver les mains ou qu’il ne faut pas laisser d’eau stagnante dans un contenant ou dans un vieux pneu qui traine dans la cour. L’enseignement que les jeunes reçoivent est donc passé au plus vieux. La scolarisation des jeunes filles est aussi en forte hausse. L’éducation en Afrique est le problème le plus criant. La religion, la corruption politique, le manque d’espoir, la condition féminine, la criminalité, la santé, la famille, sont tous des sujets remis en question quand la population a les outils pour mieux s’interroger et se prendre en main.

Édition: Véronique Janvier

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