samedi 28 mars 2009

Le vin de palme



Je vous ai parlé à plusieurs reprises du vin de palme, ce magnifique champagne local qui est tout simplement la sève du palmier à huile. Avec une technique similaire à l’extraction de l’eau d’érable, les hommes de la région exploitent les palmeraies naturelles, non Arold, il n’y a pas de grosse palmeraie commerciale comme on retrouve en Asie du sud est. Les grimpeurs doivent monter tout en haut du palmier et faire une petite incision à la base de la branche où pousse le fruit. On y place un petit entonnoir fabriqué avec une feuille de palmier, on accroche une bouteille et il ne reste plus qu’à attendre.


Les grimpeurs exploitent une vingtaine de palmiers à la fois et doivent monter pour collecter le vin matin et soir. Une branche peut produire un demi-litre par jour, quand le palmier ne produit plus cette quantité, on cesse l’exploitation pour une période de un an, le temps que l’arbre se refasse des forces. La femme du grimpeur, qui vit habituellement dans sa palmeraie, vient tous les jours rejoindre son mari en brousse, elle apporte de la nourriture et retourne au village avec la production de la veille. Elle peut parfois marcher sur plus de 20 km avec 40 litres de vin frais sur la tête pour retourner au marché vendre ce nectar qui est très souvent le seul revenu familial. Un litre de vin se vend 300 CFA, moins d’un dollar.


La particularité du vin de palme, c’est la rapidité de fermentation de façon naturelle. Frais sorti de l’arbre il peut faire 1 à 2 degré d’alcool, après 24 h, il est à l’équivalent d’une bière et au bout de 72 h on peut compter 12 degrés. Les grimpeurs se gardent tous une petite réserve de vieux vin, trois jours, qu’ils consomment avec les copains jusqu’aux petites heures du matin dans leurs petites cabanes en brousse. Le vieux vin devient rapidement imbuvable car il est trop vinaigré. On distille ce qui n’est pas bu pour en faire un alcool très fort ressemblant à de la gniole qui peut faire 60 degrés.


Les grimpeurs en brousse qui consomme leur produit feront toujours un petit rituel animiste avant de boire. On fait une offrande au fétiche, une petite incantation, on verse une petite goutte au sol pour partager avec les esprits et voilà une petite cuite en perspective… Il est certain que ce n’est pas tous les grimpeurs qui se saoulent la gueule tout les soirs, mais à écouter les petites histoires du coin, ces exploitants ne se privent pas. Les femmes aussi en boivent mais habituellement elle ne consomment qu’une petite quantité de vin très frais. Et comme les histoires de nos grand-mères, pour un petit, voire quelques semaines seulement, rien comme une petite cuillérée de vin frais pour atténuer tout ses maux et l’endormir facilement.
Avec l’ancien bateau qui faisait la liaison avant la catastrophe de 2002, le vin de palme était transporté vers Dakar régulièrement à partir de l’ile de Carabane, mais maintenant ce commerce est impossible donc le vin récolté en Casamance est consommée sur place. Plusieurs casamançais se sont expatriés dans le nord du pays pour exploiter les palmeraies naturelles des côtes du fleuve Sénégal. C’est cette production qui est donc consommée à Dakar.

Édition: Véronique Janvier

1 commentaire:

arvimedia a dit...

à la tienne !!! http://www.cap-skirring.fr

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