Deuxième journée au paradis, j’en profite pour faire la grasse matinée et une bonne marche sur la plage presque désertique, quelques toubabs moi et les vaches qui font la grosse vie. Au bout de la baie il y a le Club Merde (Med) qui s’accapare une bonne partie de ce petit coin perdu. Je décide d’aller voir leur installation, je me dis que, peut-être un jour, quand je serai grand, je reviendrai ici et que ce genre de produit touristique fera mon affaire. Me baladant avec mon I-Pod bien crinquer, je me dirige vers ce qui me semble le point central. À peine ai-je mis un orteil sur la pelouse, le garde me prend en chasse mais il est derrière moi et je ne peux entendre ses cris. Il me rejoint et sur un ton déplacé me dit de quitter sur le champ car je n’ai pas le droit d’être là. Alors M. Club Merde, vous venez de perdre un client potentiel et de plus vous faites la une de mon blog, ça c’est du marketing.
De retour à l’auberge, Érick nous prépare une bonne salade de produits locaux frais, ha une salade… Il nous a organisé un petite balade en 4 X 4 pour l’après midi avec chauffeur. Pédro Da Silva, ça sonne africain n’est-ce pas ? Hé bien Pédro est un Guinéen (la Guinée Bissau était une colonie portugaise) qui habite au Sénégal, il a un permis de travail sénégalais et il travaille avec Érick depuis plusieurs années. Je suis revenu avec la ma même question, pourquoi l’Afrique est si dure ? La réponse de Pédro, un bon catholique marié avec six enfants, est bien différente que celle de ce vieux Mauritanien Touareg du nord. Pour Pédro, la raison principale c’est les relations interpersonnelles. Il me dit que si un africain, de par sa persévérance et d’une bonne éthique de travail, se démarque et accompli quelque chose de bien, son entourage essayera de le tirer vers le bas. Cet entrepreneur qui réussi devra se battre contre les siens pour que son succès puisse continuer. Même si cette personne partage, par envie, sa communauté tentera de détruire sa réputation pour ramener sur un pied d’égalité l’individu qui prend trop de place. Il y a ce phénomène d’égalité ou d’équilibre ici, qui prend ses racines dans l’animisme. Tout est sur une même base, que se soit végétal, animal ou minéral. De plus suite à l’abolition de l’esclavage et la période d’indépendance, les gens ici vont tout faire pour éviter la domination. Les sénégalais sont très fiers et ne veulent pas montrer de signe de faiblesse, ce qui est normal, mais parfois une situation délicate peut devenir une grosse confrontation.
Notre premier arrêt est le village de Boucotte, une moitié est animiste et l’autre catholique. Les vieux sages ont décidé de faire un petit musée pour expliquer au touriste comment les gens vivaient avant et de faire un exposé sur les rites et coutumes des Diolas. Le musée de Kadioute n’est pas le Guggenheim mais la visite est bien montée, le décor naturel et en plein air est magnifique et l’information est très pertinente. Nous avons commencé la visite à trois et rendu à la fin presque tous les enfants du village s’étaient joins à nous, vraiment, chapeau pour l’accueil.
Deuxième arrêt, le village de Bouyouye. Pas d’électricité, pas d’eau courante mais une petite communauté de quelques 200 habitants qui vivent en harmonie avec la nature. Les enfants se contentent de peu et l’esprit est à la fête mais je demande à Pédro où sont les hommes. Il me répond qu’ils sont dans la brousse à récolter le vin de palme. Selon lui, les femmes travaillent beaucoup plus que les hommes. Elles plantent le riz, récoltent le riz, s’occupent du potager, portent les enfants, éduquent les enfants, font la cuisine, le ménage, le lavage et gèrent les finances de la famille. Pour ce qui est des hommes, ils retournent la terre au printemps, récoltent le vin de palme, boivent le vin de palme et rentrent à la maison, le temps d’un petit colo-colo, puis d’un dodo. Papis, je vous le présenterai bientôt n’est pas d’accord avec cette explication simpliste de la vie des Diolas, selon lui, les femmes ont énormément de mérite mais la tâche est équitable, nous y reviendrons.
Dernier arrêt, le village de Dgembering, il est le plus gros de la basse Casamance avec 3000 âmes. Dans le centre où sont organisées les festivités, Il y a un énorme fromager, vraiment impressionnant, les résidents disent qu’il aurait plus de huit siècles. Je commence à me sentir un peu plus imprégné de la culture et que le sens de mon voyage est réel. Mes craintes se dissipent peu à peu et le contact avec les gens est de plus en plus facile. Bien sûr, je reste vigilant mais la vie ici, selon Papis n’est pas si dure que ça. Les gens semblent heureux avec peu et résigné parce que c'est ça leurs vies, par contre le contact avec les toubabs se fait assez bien. En Casamance, quand les gens se croisent ont dit Kassoummaye, ça va, et l’on répond Kassoummaye kep, ça va bien.
Édition: Véronique
3 commentaires:
Intéressante ton histoire Chouchou et très agréable de te savoir de plus en plus confortable dans ton périple.
Continue de nous raconter, c'est captivant!!!
Cher,
la Guinée Bissau ETAIT une colonie portugaise, pas est.
Et Pedro a bien raison... C`est le principe "égalitaire". Dès qu`une tête dépasse pour essayer de s`en sortir, il faut la couper, pas chercher à se dépasser pour l`égaler. À Cotonou, les propriétaires de moto ont souvent cet auto-collant qui dit `Tais-toi, jaloux`.
Là où je tique, et même pas mal, est quand tu dis que la vie n`est pas si dure et que les gens sont heureux avec peu.
Y aura-t-il une différence entre heureux avec peu et résignés? soumis à des coutumes pour lesquelles ils n`ont pas leut mot à dire (revoir l`explication de Pedro)?
Et comme si tu l`as si bien dit `Les sénégalais sont très fiers et ne veulent pas montrer de signe de faiblesse`. Souvent on va montrer ce qui est acceptable pour sauver la face.
Les enfants malnutris, les femmes battues ou souffrant de fistules obstétricales, les enfants esclaves, la jeune adolescente mariée avec un `noble` du village de 40 ans son aîné et qui est la 4ème épouse, les personnes âgées qu`on abandonne au fond des cases, les orphelins du sida car les gens en âge de productivité sont tous décédés et qui se retrouvent à 12 à vivre avec la grand-mère qui n`a plus ni la force et encore moins l`argent pour les nourrir et encore moins les envoyer à l`école,les maladies casi endémiques comme le paludisme car on n`a pas les moyens de se payer une moustiquaire, ça tu ne le verra probablement jamais.
Et que dire de la saison des pluies ou de l`été chaud et sec, sans protection contre la pluie, ni moyen de se rafraichir à 45 degrés à l`ombre.
Et la femme elle devra quand même aller chercher l`eau, etc.
Et j`en passe. Mais c`est là...
Heureux??? Pas sure.
Mais continues, tu te poses les bonnes questions...
C`est une belle démarche.
je suis un peu sceptique à savoir que les gent soient heureux avec peu...portes attention à leurs yeux et peut-être y verras-tu de la tristesse et de la résignation...
continues d'ëtre prudent et méfiant, ne relâche pas la garde et bonne continuation
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