Ce sont ces grands bateaux de bois que vous avez vus sur quelques photos que j’ai mises sur Facebook. Ici c’est l’outil de base pour la pêche artisanale surtout pratiquée par les Sérères. Les pirogues sont fabriquées à la main sur les berges de tous les villages de pêcheurs et peuvent faire jusqu'à 25 mètres. Ils utilisent le bois de caïcédra pour faire les coques. La pirogue, une fois terminée et peinturée, est coulée pour faire gonfler le bois et avoir une bonne étanchéité. Elles sont peintes avec des motifs animés et multicolores, on dirait une œuvre d’art.
Avec un équipage de 5 à 10 hommes, les plus grosses embarcations peuvent rester jusqu'à un mois en mer. Ils chargent toutes les denrées nécessaires pour tenir pendant cette période. Les poissons pêchés sont conservés dans du sel ou récoltés par des navires qui font le tour des pirogues qui restent en haute mer. Beaucoup de poissons sont exportés vers le Mali et le Burkina sous forme séchée, salée ou fraiche.
Malheureusement les réserves de poisson du Sénégal s’épuisent rapidement à cause de la surpêche artisanale ainsi que la pêche industrielle. Le gouvernement sénégalais a vendu des droits de pêche aux chinois qui ratissaient tout avec d’immenses bateaux usine. Le prix d’échange de ces droits de pêche: le stade de foot Léopold Sédar Senghor ! Le travail de pêcheur aujourd’hui est d’autant plus difficile dû à ce manque de poissons.
Un gros fléau quand même récent, près de 5 ans, au Sénégal est le voyage en pirogue pour atteindre les côtes de l’Europe et essayer d’y entrer clandestinement. Le voyage coûte de 300 000 CFA à 500 000 CFA, certains parents vendent tout ce qu’ils ont pour payer le voyage à leurs fils. Au bout de 7 jours en mer ces petits "bateaux" atteignent les iles Canarie puis les côtes de l’Espagne. Ils sont une centaine par pirogue, vous imaginez. !Selon Papis le taux de succès serait de 10%. Une bonne partie des voyageurs clandestins est interceptée en mer et renvoyée à la maison. Des vols charter retournent ceux qui se font prendre une fois rendus en Europe et le nombre de décès en mer est inestimable. Les passeurs, eux, collectent leur argent avant le départ et, bien entendu n’offrent aucune garantie. Initialement, les clandestins essayaient de se rendre par la route mais les contrôles se sont multipliés et il est devenu presque impossible de se rendre de cette façon. Les voyages en mer en pirogue ont commencé dans le nord du pays mais maintenant c’est de la Casamance que se font la majorité des départs car il est plus facile de se cacher dans les bolongs en préparation du départ.
Comme aux États-Unis avec le Mexique, Cuba ou Haïti, le désespoir de la situation locale et les possibilités que peuvent offrir l’état providence poussent les sénégalais à prendre des risques énormes. Quelques exemples de personnes qui ont réussi la traversée et qui retournent un peu d’argent au pays créent un faux espoir. De plus certains sénégalais qui sont retournés à la maison avec voiture, femme et argent n’aident en rien la situation. La majorité des voyageurs qui a réussi se retrouve sans papier en France et bosse au noir dans des conditions assez difficiles.
Édition: Philippe Gay
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