mercredi 8 avril 2009

L’économie au Sénégal


Au Sénégal, les trois industries les plus importantes sont l’agriculture, le tourisme et la pêche. Malheureusement les taux de pluviométrie sont en baisse donc cela rend l’agriculture plus difficile et moins productive. Le gouvernement surtaxe les touristes, ce qui rend le produit de moins en moins compétitif et pousse les gens à se tourner vers d’autres destinations moins chères. Comme je l’expliquais, le gouvernement a vendu des droits de pêche au chinois qui ont presque épuisé les stocks. Malgré ce tableau un peu pessimiste, Dakar est une métropole en pleine expansion. Un nouvel aéroport devrait ouvrir en 2011 avec une autoroute à péage qui relie le centre ville. La construction est partout et le coût de la vie est de pair avec Paris pour tout ce qui est restaurant, hôtel, voiture, linge, boisson, etc …


Comme dans beaucoup de pays africains, la corruption est endémique au Sénégal. Le gouvernement Wade qui vient d’essuyer une cuisante défaite aux municipales devra revoir le tir car la société pourrait bien demander sa démission avant les présidentielles de 2012. Le coût de la vie est beaucoup moins cher dans les pays limitrophes, ce qui rend la contrebande très lucrative et le travail de douanier une des positions les plus prisée. D’ailleurs ils sont tous frickés et peuvent se permettre l’éducation de leur enfants en France ou au Canada. Le matériel qui est saisi aux douanes pour une raison quelconque est souvent revendu par ses derniers avec l’aide des employés du port.


Au niveau de l’importation de voitures, le gouvernement a voté une loi il y a quelques années qui interdit l’entrée aux véhicules de plus de 5 ans. À première vue cela pourrait sembler bon pour l’environnement mais c’est tout le contraire. Les seuls qui peuvent se payer les nouveaux véhicules sont les riches entrepreneurs, les dirigeants et cadres supérieurs d’entreprises, les gouvernements et les politiciens ainsi que les ONG. On assiste donc au pire vieillissement du parc automobile de toute l’Afrique de l’Ouest. Les petits mécanos ne peuvent réparer les véhicules neufs du au manque d’équipement pour les problèmes électroniques et informatiques. Un peu comme à Cuba on rafistole les vielles bagnoles avec les moyens du bord. Autre conséquence de cette loi, les prix des véhicules usagés ont monté en flèche ce qui veut dire qu’être propriétaire de n’importe quelle voiture ici est un luxe. Même phénomène pour les camions de transport et les autobus, vous devriez voir l’état de certains bus et taxis, ça fait peur. Du côté des meilleures nouvelles, une société iranienne vient tout juste de s’installer à Thiès et y fait l’assemblage de voitures neuves moins dispendieuses que les voitures importées. Les frais de douane peuvent atteindre 50% du prix du véhicule.


Du côté du tourisme, le produit n’est vraiment pas compétitif. Ici je vous parle de mon expérience, le Sénégal est un très beau pays et il n’y a aucune raison que l’industrie touristique batte de l’aile mais le rapport qualité prix est tellement mauvais, une chambre qui couterait 20$ en Thaïlande en coûte ici 100$. Erick du Mansa Lodge m’expliquait que du billet d’avion Paris/Cap Skirring, le gouvernement retenait 350 euro de taxe d’aéroport sur un prix de 1000 euro. De plus la qualité des infrastructures touristiques n’est pas du tout au niveau de ce que l’on retrouve dans les Caraïbes ou le Mexique.


Fait assez frappant au Sénégal est que la majorité des installations touristiques sont propriétés de blanc. Les restos, les hôtels les bars et les tours opérateurs sont majoritairement détenus par des français, bien sur, il y a quelques exceptions où des africains ont monté une bonne affaire et peuvent offrir un bon produit. Pour ces derniers, ce sont habituellement des africains qui on passé un bon bout de temps en Europe ou en Amérique et qui reviennent aux sources ou des africains mariés avec des occidentaux. Papis m’explique que les licences d’opération distribuées par le ministère du tourisme sont plus souvent offertes au blancs car ils ont les moyens de payer… et peuvent monter une affaire de qualité avec assurance et garantie. C’est toujours la même chose, les locaux n’on pas de moyens donc ne peuvent monter un projet sérieux.



Le port de Dakar est un point d’entrée important pour l’Afrique de l’Ouest. Bien sur c’est le point d’entrée de toute l’importation pour le Sénégal mais aussi un point de transit important pour l’importation vers le Mali. Le lien ferroviaire entre Dakar et Bamako, bien que très important, est de piètre qualité. J’ai rencontré des danois qui ont fait le voyage en train et ils ont mit 52 heures pour parcourir 700 km et il faut noter qu’ils n’ont pas eu de bris mécanique.
Tout comme pour les pays riches, il y a aussi en Afrique le problème de la Chine. Une grogne entre africains envers les chinois est vraiment présente. Les chinois coupent les prix des produits africains qui sont pour plusieurs leurs seuls moyens de subsistance, ont pense à l’industrie du textile, du meuble, de la pêche et d’autres biens de consommation de base. La Chine est maintenant le plus gros investisseur sur le continent africain, elle aussi veut exploiter les ressources au plus faible coût possible.


Alors voici comment je vois Dakar et le Sénégal d’un point de vue économique. Bien sur ce n’est qu’un bref sommaire de mon expérience et de mes discussions et il est certain que des habitants d’ici pourraient me faire mentir. Loin de prétendre avoir compris pourquoi l’Afrique est si dure, je fais du chemin. De mon opinion, chez nous c’est la classe moyenne qui est le moteur de l’économie, en Afrique, l’absence de classe moyenne donne une économie sans moteur. Pour les moins fortunés, la possibilité de changer de classe sociale n’est qu’un rêve nourri d’envie et de grogne envers les riches qui sont trop souvent d’origine non-africaine.
Édition: Véronique Janvier

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