lundi 23 mars 2009

Bienvenue au cap Skirring


Le débarquement au port est une aventure un peu chaotique mais nous voilà sortie bagage au dos et en route vers la gare routière pour monter dans un taxi brousse qui nous mènera au cap Skirring. Un trajet de quelques 40 km sur une route neuve qui a été payée et construite par les français. Cette nouvelle route devient rapidement une aide au commerce de la région autant pour le tourisme que pour le transport de marchandise, c’est un exemple de coopération qui a donné un bon résultat. L’ancienne route qui était toute défoncée rendait le trajet très difficile car les taxis brousses sont tous des vielles Peugeot 505 de plus de 20 ans avec trois rangées de bancs et peu ou pas de suspension. Ici on les appelle les « 7 places » et il y a toujours 7 passagers ainsi que les bagages, pas besoin de vous dire que c’est assez serré.



D’abord la Casamance est une enclave située au sud de la Gambie et au nord de la Guinée Bissau et au milieu il y a le fleuve Casamance qui pénètre sur une centaine de kilomètres. De par sa situation géographique l’accès a toujours été difficile donc la population locale continue de vivre selon les traditions ancestrales. Avec des terres fertiles, la région à été longtemps considérée comme le grenier du Sénégal, on y retrouve beaucoup d’arbres fruitiers et on y récolte le fameux riz casamançais. Quelques chose de très particulier, le champagne local, le vin de palme est aussi extrait des palmiers à l’huile mais je parlerai de cela dans un autre billet.



La région a connu une période assez difficile dernièrement car les habitants voulaient faire l’indépendance. Selon les casamançais, les gens du nord ont beaucoup récolté de l’agriculture et du tourisme local mais n’ont jamais redonné la juste part aux gens. De plus il y a une théorie du complot qui veut que la région de la Petite Côte et du Sine Saloum soient favorisées au détriment de la Casamance par le ministre du tourisme. Personnellement je suis allé à Saly sur la Petite Côte et ça n’a rien à voir avec le pays des Diolas.



Sur la route vers le Cap, comme disent les locaux, il y avait un soldat tout les cent mètres, mitraillette au point, ce qui me rendait un peu nerveux. On m’avait dit que la situation était maintenant tranquille dans le coin. Et bien imaginez vous donc que le président Wade vient faire sont tour en ville. Il me suit ce mec depuis que je suis arrivé au pays. Premièrement St-Louis, puis l’Ile des coquillages et maintenant le Cap. Les élections se sont tenues dimanche le 22 mars et son parti s’est fait démolir aux municipales, ça sent mauvais. Il va maintenant arrêter de me suivre j’espère.


Vers 13 h nous sommes arrivés au Mansa Lodge, la petite auberge tenue par Erick et Frédérique, des amis de Patrick, Marina et Véronique, qui sont installés dans la région depuis trente ans. Ils opèrent aussi Cap Safari (voir dans liens pertinents), une agence qui organise des circuits dans la région, pirogue, quad, 4 X 4, visites de villages, etc.… Erick est un type qui n’a pas l’air de s’en faire avec la vie, d’un accueil des plus chaleureux, si vous passez dans le coin c’est ici qu’il faut loger. Son épouse Fred s’occupe du travail sur le terrain. Je vous parlerai des différents circuits que j’ai faits car je ne veux pas écrire un billet de 25 pages. Ha oui J’oubliais, l’auberge est au bord de la mer et on est au premières loges pour les couchers de soleil et selon plusieurs, de la plus belle plage de tout le Sénégal, je suis d’accord.



Pour finir la journée rien comme une bonne bouffe au Djembe, un petit resto français tenu par Patrick et Nadine. Lui il est français et elle sénégalaise, les prix sont bons, la bouffe est excellente mais c’est le service et l’accueil qui donnent le goût d’y retourner, c’était comme manger à la maison, merci encore.

Le bateau pour la Casamance

Mardi le 17 mars c’est le départ pour la Casamance, après un bon repas de shish taouk chez Alibaba, nous marchons vers le port pour monter à bord du bateau qui nous mènera à Zinginchor, la capitale administrative de la région. Le Aline Sitoé Diotta est un nouveau bateau flambant neuf qui assure la liaison entre Dakar et Zinginchor. Le navire fut un dont du gouvernement Allemand au Sénégal. Avec près de mille passagers installés dans des sièges ou des cabines, nous quittons Dakar vers 20 h pour arriver vers 10 h 30 le lendemain matin.



Ici il y a l’histoire plutôt triste de l’ancien bateau, le Djoolla, un navire assez vieux et mal adapté pour la mer, il faisait la navette depuis plusieurs années. D’une capacité de 500 passagers il a coulé au large des côtes de la Gambie le 26 septembre 2002 lors d’une nuit de tempête, il faut savoir qu’un des deux moteurs était en panne. Le bilan officiel est de 1800 morts et 64 rescapés. Officieusement ont a parlé de plus de 2000 décès car certains employés du bateau avaient le droit de faire monter des passagers qui n’entraient pas dans les chiffres officiels. La majorité des personnes qui ont péri en mer étaient les étudiants aux hautes études qui rentraient à Dakar pour le début des classes. Il n’y a pas une famille de la Casamance qui n’a pas été touchée par la pire catastrophe maritime du Sénégal. La région a perdu une génération de jeunes bien scolarisés.


Le nouveau bateau n’est pas très bien vu en Casamance car il n’est pas bien adapté pour le transport de marchandises ce qui nuit à l’acheminement des produits de la région vers Dakar. De plus avec un coût de 10 500 cfa pour les sénégalais et 15 500 cfa pour les toubabs, ce bateau rend le voyage beaucoup trop dispendieux pour beaucoup de résidents, alors que le coût était de 3000 cfa avant. Les gens sont encore une fois frustrés car il est plus un bateau de touristes, qu’un outil d’aide au commerce de la région. Selon plusieurs, du fait qu’il est neuf, il aurait pu être mieux conçu et servir à la fois au tourisme et au transport. Depuis 2002 deux autres petits bateaux rapides, le Kasumay et le Willis, assuraient la liaison mais presque uniquement pour les touristes et les gens fortunés.



Comme nous passons 14 heures sur ce bateau, il est certain que nous allons consommer quelques bières, ce qui a facilité la rencontre avec beaucoup de gens intéressants. D’abord Joe et Casey, un couple d’américains très sympathiques. Joe est étudiant a Dakar, avec une bourse, il étudie le wollof, le français et la culture sénégalaise, dans le but de terminer une maitrise en éducation internationale. Dimitri, Josianne et le petit Ethan qui courrent partout, une famille métis française, fut une autre rencontre très intéressante. Dimitri fait de l’import export entre la France et le Sénégal ainsi que la Côte d’Ivoire.






Après avoir essayé de dormir sur un banc moyennement confortable et une télévision écran géant à six pouce du nez, nous sommes montés sur le pont vers 6 h 30 pour attendre le lever du soleil en mer. Encore une fois un superbe spectacle et, avec le soleil, ont aperçoit les côtes de la Casamance au loin. Le bateau tourne pour entrer dans le fleuve Casamance et atteindre Ziguinchor. A peine passé l’embouchure nous avons droit à la danse des dauphins qui suivent le bateau en faisant des pirouettes dignes des meilleurs Gymnastes. En remontant le fleuve sur près de 60 km, on apperçoit des petits villages de pêcheurs pour terminer à Zinginchor vers 10 h 30.


Édition: Véronique

vendredi 20 mars 2009

Lundi 16 mars,retour sur Dakar :Soirée assez particulière


Après un long périple dans le nord du Sénégal puis sur le bord de la frontière avec la Gambie, je suis revenu à Dakar pour une courte escale avant de prendre le bateau pour la Casamance qui se situe au sud de la Gambie. Je loge présentement chez Véronique, une amie de Patrick, le gendre de Jean-François. Elle opère un très joli « Bed and Breakfast » dans un beau petit quartier de la ville. Pour le prix d’une chambre dans les petits hôtels bidons du centre, je me retrouve dans une belle petite villa tout près de la corniche qui longe la mer. Et puis ça fait du bien de coucher dans un endroit ou le lit est confortable, ça sent bon et les gens sont sympathiques.


Laissez-moi-vous parler de ma journée. J’ai un peu l'impression d’avoir fait le tour des attrapes touristes aujourd’hui, car bien sûr, en Afrique aussi il y en a. D’abord la nuit dernière, nous avons couché à Saly que l’on pourrait comparer à Pattaya en Thaïlande, et oui le bordel au bord de la mer !Fait intéressant, il est aussi fréquent de renconter une femme toubab avec un sénégalais qu’un homme toubab avec une sénégalaise, vive l’égalité des sexes !


Au lever, on se dirige vers l’ile des coquillages au sud de Saly, près de la frontière avec la Gambie. Selon le guide (le livre et non Aboo), tout dans l’ile est fait de coquillage. À l’arrivée bien sur, même si j’ai déjà mon guide(Aboo cette fois ci !), on tente de m’en faire engager un local; et comme c’est le syndicat des guides locaux qui gère le tout, Aboo doit se retirer de la discussion pour que je prenne ma décision sans qu’il soit à mes côtés pour m’influencer. Cette fois, j’ai été fort et j’ai dit non," mais pour qui me prenez-vous, je sais que je suis un toubab mais y a des limites !". Nous traversons donc le pont qui nous mène à l’ile et lorsque nous arrivons,nous nous apercevons qu' au lieu d’y avoir du sable sur le sol, ce sont des coquillages. Mais c’est la seule différence que j'ai remarquée par rapport aux petits villages vus auparavent. De plus il y’a une multitude de petites boutiques d’art africain qui vendent les mêmes choses que j’ai vues dans toutes les autres petite boutiques du pays. Un fait intéressant de cette visite, c’est qu’Il y a, sur une ile voisine, le seul cimetière mixte catholique et musulman du Sénégal. Les sage prétendent que du fait que les deux religions se côtoient en ce lieu, les mort qui y sont enterrés vont directement au ciel, matière à réflexion…



Nous continuons notre route vers le lac rose, un lac d’eau salé situé près de Dakar. Le fond du lac contient 1.5 mètre d’épaisseur de sel et l’équivalent d’eau, un peu comme la mer morte. Les gens y viennent pour se baigner et se laisser flotter ,du à la forte concentration de sel. Les algues qui sont dans le lac donnent l’impression que l’eau est rose, vraiment particulier. Encore une fois, les petites boutiques d’art africain que l’on retrouve dans tous les sites touristiques se font forte concurrence. Je me fais attraper par un mec qui se dit chef du village. Il me demande mon nom et je lui réponds: " Patrick"." Mon ami,dit il, viens juste regarder " . Par politesse j’acquiesce et entre dans sa boutique. Il était déterminé à me vendre quelques chose mais vu la place restreinte de mon bagage et le fait que je suis en Afrique pour un bon bout de temps, je ne peux me permettre trop d’achat donc je ressors bredouille. Aussitôt, tous les autres vendeurs m’interpellent : « Patrick mon ami, tu as visité sa boutique, vient donc voir la mienne », vous voyez le topo!

En soirée, je décide d’aller souper au resto-bar non loin d’où j’habite, un café terrasse ou un band live se produit tous les jours. Le lundi, c’est la soirée jazz et j’ai eu droit à une prestation du band Baobab( comme l’arbre) qui jouait un jazz africain vraiment sympathique. Comme j’étais assis seul, un homme vêtu d’un boubou me demande s’il peut partager la table. Un type vraiment intéressant qui m’a parlé de son pays et des tensions politiques dues aux élections municipales du 22 mars.A propos des élections, vous vous souvenez quand je vous parlais du rassemblement politique dans le billet sur le parc du Djoudji ou j’ai vu le président. Et bien, en lisant le journal de lundi, j’ai appris que durant le séjour du chef d’état à St-Louis, des émeutes ont éclaté dans la ville et des bagarres à l’arme blanche et aux fusils ont eu lieu entre les différents groupes politiques. Morale de cette histoire, il faut se tenir loin des rassemblements politiques ici, ce n’est pas mon débat.
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J’ai donc eu une longue discussion avec Jean-Pierre, un journaliste d’une radio communautaire de Dakar,Sénégalais qui a habité plus de trente ans en France et en Italie mais qui a décidé de retourner vivre dans son pays depuis une dizaine d’année. Il me dit que chaque jour depuis son retour il y a cinq ans, il se demandait pourquoi il était revenu au Sénégal. Mais en même temps sa petite voix lui disait qu’il fallait rester.
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Un petit groupe prend place à la table voisine, des français toubab et un couple de noirs. On aurait dit que l’homme noir était tout droit sorti d’un film: il était très grand et habillé de manière impeccable, vraiment impressionnant. Mon nouvel ami Jean-Pierre qui le connaissait se joint à eux et en moins de deux, me voici assis à leur table à discuter de politique française, américaine, canadienne et africaine. Cet homme était Ousmane Lo qui conteste le poste de maire de Rufisque, une petite ville en banlieue de Dakar (il est en tête dans les sondages). La discussion est très intéressante mais cet homme est plutôt discret et écoute ce que tout le monde dit sans trop s’impliquer. Puis tout d’un coup il me demande:" et toi Patrick pourquoi as-tu quitté le monde de la finance ?"(car j’en avais parlé avec Jean-Pierre). Je m’assoie à côté de lui et commence a lui exposer ma vision des choses.A son tour, il commence à m’expliquer la situation des finances de sa ville gérée par le maire actuel. Sans entrer dans les détails, c’est toujours le même discours, il y a de l’argent qui disparait. La ligne "dépenses diverses" sur les états financiers de la ville compte pour un énorme pourcentage du budget( plus de 30%), et bien sur cette ligne comporte des dépenses non justifiées !En espérant qu’advenant une victoire de M. Lo, ce champ de dépense réduira ou, qui sait, sera peut-être éliminé. Bonne chance M. Lo!

mercredi 18 mars 2009

Pourquoi l’Afrique est si dure?


Ça y est, je viens de vivre ma première vraie frustration en Afrique. Ça s'est passé au Parc National de la Langue de Barbarie. En fait, je devrais plutôt dire à l'entrée du parc. Je vous raconte. Comme souvent dans les entrées de parcs, sur un tableau étaient affichés les tarifs: 7500 CFA pour trois personnes et 2500 CFA par personne additionnelle!? Comme on était deux, Abou et moi, c'était clair, on allait devoir payer 7500 CFA!? Mais, car il y a un mais, aujourd'hui la gardienne en avait décidé autrement; elle avait choisi de fixer un coût spécial d'entrée à 12 500 CFA juste pour nous. "Il faut prendre un guide" nous informa-t-elle. " Pas nécessaire, j’en ai un guide, merci", lui dis-je. "Mais non monsieur, il faut prendre mon guide" insista-t-elle. Après quelques échanges, voyant qu'elle ne voulait rien comprendre, je décidai de tourner les talons et parti. C'est alors que, comme par magie, comprenant qu'elle avait peut-être été un peu trop gourmande, madame se mit à baisser les prix. Elle nous cria: "revenez, revenez ça va". Mais elle ne réussi qu'à m'écoeurer et on est partis. Tant pis pour la gardienne. Elle venait de se gagner un beau gros 0 CFA tout rond. Bien sûr, je comprends que je suis un toubab en Afrique, mais pas un toubab épais. Et puis il y a des limites à se faire prendre pour une banque à pitons. Je n'allais tout de même pas payer 12 500 CFA pour une expédition qui aurait dû m'en coûter 5000, merde.



Heureusement, je n'allais pas rester frustré bien longtemps. En effet, tout près de là se trouvait un vieux touareg mauritanien plutôt rigolo, qui se précipitait sur tous les touristes qu'il croisait pour leur vendre des babioles, histoire de gagner sa vie. C'est ainsi, qu'en s'approchant de moi, il m'a demandé d’où je vennais. Je lui répondis que j'étais canadien. "Tu es fleur de lys ou feuille d’érable?" Surpris, je lui répondis aussitôt que j'étais les deux. "Ça c’est bon", répondit-il, "il faut être uni pour être fort". Celle-là elle était vraiment forte. Reconnaissez que, peu importe l'allégeance politique à laquelle on appartient, c'est assez extraordinaire de rencontrer un vieux touareg venant du désert, et n'ayant jamais quitté l'Afrique, au courant du débat politique des québécois. Aussi, comme je le trouvais plutôt sympa, j'ai eu envie de poursuivre la conversation. Après avoir échangé quelques généralités, je me suis permi de lui poser la grande question qui me brûlait les lèvres: pourquoi croyez-vous que l’Afrique est si dure? Il hésita à répondre trouvant ma question un peu trop vague. Je lui demandai alors: pourquoi la vie est si dure ici? Encore une fois, il hésita et me dit: pourquoi tu veux savoir ça? Parce que je suis vraiment intéressé à comprendre l’Afrique. "Tu ne pourras jamais la comprendre", me répondit-il. Ha bon? Et pourquoi?, lui dis-je. "Parce que tu es blanc". "Essaie quand même". Et il y alla finalement de sa réponse." Il y a trois choses qui rendent la vie difficile en Afrique. D'abord, il y a le temps; le soleil et la chaleur rendent les gens un peu paresseux. C’est normal, mais ça ralenti considérablement le rythme de travail. Ensuite, la majorité des africains ne mangent pas à leur faim. Ce qui crée un manque d’énergie évident. Troisièmement, probablement la raison la plus importante, c’est l’islam qui demande de prier 5 fois par jour et de toujours être propre pour s’agenouiller devant Dieu. Le problème c'est que tout ce temps passé à prier n’est pas du temps utilisé à accomplir le travail que chacun devrait faire pour que le continent puisse prendre la place qui lui revient dans ce monde" conclu-t-il. Un peu étonné, je le remerciai de son honnêteté en lui achetant un de ses trucs et parti, content d'avoir réussi à poser ma question sans provoquer de remous.



Ça n'est qu'un début, mais je crois que je commence à me faire une petite idée de l’Afrique. En effet, depuis mon arrivée sur le continent, il y a quelques impressions qui perdurent. D'abord, je sens que les toubabs, les blancs, sont encore vus comme des colonisateurs. Aussi, il me semble que l’envie soit au cœur de bien des problèmes et pousse les gens d'ici à ne penser qu’à leur poche, eux aussi. Puis il y a les religions qui prétendent ne faire que du bien, mais qui travaillent très fort pour s'assurer que rien ne change. Sans oublier les politiciens qui, de concert avec les chefs spirituels, s’accrochent au pouvoir par toutes sortes de moyens. Et, il y a nous, les pays riches, qui continuent d’exploiter les richesses africaines au plus faible coût possible, dans le seul but de maintenir notre belle et douce qualité de vie. À suirrrre.

mardi 17 mars 2009

Parc national du Djoudji





















Samedi matin, le 14 mars, réveil tôt car nous quittons pour aller voir les grand oiseaux migrateurs qui font escale au parc national du Djoudji. C’est le premier plan d’eau douce après la traversée du Sahara. C’est pourquoi tous ces oiseaux, épuisés après leur long voyage, font une pause histoire de se reposer un peu. C’est aussi l’endroit où l’on retrouve un des plus gros nichoirs de pélicans au monde.


Le parc se trouve à 65 km au nord de St-Louis, tout près de la frontière avec la Mauritanie. À première vue ,ça parait assez simple mais non, car les deux tiers de la distance se font sur une route de terre. Cette fameuse route devient totalement impraticable au bout de seulement quelques kilomètres car l’entretien laisse un peu à désirer... Il y a donc des pistes qui se créent à côté de cette route qui devient aussi impraticable et une autre piste etc…( Guillaume, je comprends un peu plus ce que tu disais quand tu me parlais de ta traversée du Sahara ! ).



C’est au bout de 40 km et deux heures de planche à laver que nous arrivons dans le parc. De là, nous prenons une pirogue pour remonter le delta jusqu’au nichoir des pélicans. C’est de toute beauté de voir ces milliers d’oiseaux; certains que j’ai vus ont plus de 2.5 mètres d’envergure et quelle élégance de les voir s’envoler à seulement quelques mètres de la pirogue !







Mais il n’y a pas que les pélicans; j’ai vu des aigles pêcheurs, des oies de Gambie, des oiseaux serpent et plusieurs autres dont j’oublie les noms. Obélix aurait bien aimé la place car il y avait des sangliers sauvages et j’ai même vu un crocodile sur la berge qui mesurait bien 3 mètres, sans blague, j’ai une photo !


Il y a vraiment de très belle choses en Afrique et ce parc est un « must » pour tout ornithologue, Arold t’aurais été aux oiseaux… Mais comme toute bonne chose a une fin, il fallait retourner à St-Louis et se taper un autre 40 km de planche à laver. Sur le chemin du retour nous nous sommes arrêtés chez une famille Peul, peuple grand et élancé installé dans toute l’Afrique de l’ouest. Les Peuls sont devenus des éleveurs sédentaires et vivent dans des huttes de chaume à l’allure de ruches. On retrouve ces huttes en petits groupes et habituellement entourées d’une clôture ou une famille y vit. Comme les Peuls sont musulmans, les hommes peuvent avoir jusqu'à quatre femmes, quelle famille ! Autre fait intéressant, même si ces demeures sont assez rudimentaires, on y retrouve l’électricité, le téléphone et l’antenne pour la télé.



Pour terminer la journée, j’ai décidé d’aller souper à St-Louis car ce sera ma dernière soirée. Aussitôt arrivé dans le centre de la ville, nous remarquons un important dispositif de sécurité, l’armée, la police nationale et locale ainsi que le trafic détourné de la place centrale. C’était un rassemblement politique pour célébrer l’arrivée du président du pays, Abdoulaye Wade. Particulier, je n’ai jamais vu le premier ministre du Canada et après moins d’une semaine au Sénégal, je vois le chef d’état dans une super limousine à moins de 5 mètres de moi ! Les élections municipales pour tout le Sénégal se tiennent le 22 mars donc il y a beaucoup d’activités politiques dans tout le pays en ce moment.

dimanche 15 mars 2009

Toubab t’as argent



Vendredi matin, nous avons visité St-Louis car Aboo (diminutif de Abdoo), mon guide qui fait un excellent travail, est toujours avec moi. St-Louis était la première capitale du Sénégal, initialement un comptoir de commerce, elle s’est développée pour devenir une ville coloniale qui servait de base pour les expéditions vers le sud et vers l’Amérique. La ville, construite sur une ile est constituée de trois ou quatre avenues et rappelle, de par son architecture, certaine villes des Caraïbes. Elle fait d’ailleurs partie du patrimoine mondial de l’Unesco.



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Certains bâtiments sont rénovés et pour la plupart, transformés en hôtels pour touristes ou restaurants.Mais pour le reste de l’ile, le travail est à faire et les moyens manquent. Certains quartiers rappellent plutôt un champ de bataille avec des édifices partiellement démolis. Les mendiants, surtout de petits garçons travaillent très fort pour leur pitance. Aboo m’expliquait que ces gamins, pour la plupart orphelins, doivent rapporter 5000 francs CFA par jour sinon c’est la misère. De plus, c’est le Marabout qui récolte l’argent! Le Marabout c’est le chef spirituel musulman, l’équivalent des prêtres catholiques.




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Sur le bord de la mer, il y a une grosse grue à vapeur datant de la colonisation qui pouvait soulever des charges allant jusqu'à 24 tonnes! On dit qu'elle servait au chargement des esclaves sur les bateaux négriers car une partie du commerce de la ville était basée sur leur transfert vers l’Europe et l’Amérique. Donc on voit cette grue, on se sent un peu mal et on continue la visite...
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Celle ci se poursuit sur la Langue de Barbarie, un banc de sable tout près de St-Louis ou se situent les quartiers populaires.La différence est frappante et il y a très peu de toubab. Quand je marche dans ces quartiers, je me sens un peu voyeur et les regards des gens en disent long. "Hey toubab t’as argent ?", probablement les seuls mots français que certains enfants connaissent. Les toubab c'est nous, les blancs, et je me demande encore si le termes est péjoratif ou non, ça dépend du ton sur lequel on l'utilise. Au bout du quartier, on prépare les poissons : ils sont coupés, nettoyés et placés sur des tables de séchage ou bien fumés. Ce qui est fou, c’est les conditions de travail, l’odeur et aussi le fait que certains habitent sur les lieux.




Ici, les hommes pêchent et les femmes font le reste… J’ai demandé à une de ces dames si je pouvais prendre une photo et elle me répond « cadeau », bien sur. Abou lui donne quelques francs, je prends la photo et la matrone lui enlève aussitôt l’argent des mains : on voit qui est «boss»!




Aujourd’hui, c’est vendredi, jour de prière pour les musulmans.Ils installent une grosse bâche en travers de la rue qui est fermée à la circulation et plusieurs centaines de personnes font la prière. Je demande à Aboo s' il fait sa prière et il me répond qu’il est un musulman de gauche, j’aime bien son humour! Il me répond aussi qu’il aime et connait bien sa religion mais que s’il écoute et fait toujours ce que le Marabout lui dit, il ne pourra pas espérer une vie meilleure. Le Marabout lui demande une part importante de son revenu, chose qu’il refuse de faire et je suis tout à fait d’accord avec lui. Les principes de la religion sont les bases d’une vie en société, par contre,je pense que les abus des institutions religieuses sont partiellement la cause de la pauvreté en Afrique.




Pour finir sur une note positive, il fait toujours beau et les couchers de soleil sur la plage adjacente à l’hôtel sont vraiment magnifiques.D’ailleurs, je vous écris en regardant ce magnifique spectacle.

Édition: Philippe

samedi 14 mars 2009

Salut de Dakar.


Et oui, je suis arrivé en Afrique, lundi soir 9 mars vers 23 h et dès ma sortie de l'aéroport, ça y était. Je faisais enfin mon entrée dans ce nouvel univers pour les quatre mois à venir et qui, je le sais bien, est totalement différent de celui auquel j'ai toujours été habitué. Dans la navette qui m'amenait vers l'hôtel j'ai essayé d'attrapper tout ce que j'ai pu du paysage qui se dressait devant moi. Malgré la nuit noire, j'ai remarqué que l'autoroute qui relie l'aéroport au centre ville s'était parrée d'une belle couche d'asphalte toute neuve pour m'accueillir. Quelle délicatesse. Dans la pénombre, la crise économique ne semblait pas trop se faire sentir à Dakar; en tout cas pas dans le domaine de la construction. En effet, j'ai été vraiment surpris, tout au long du parcours emprunté pour me rendre à mon hôtel, du nombre de chantiers de construction d'hôtels qui allaient eux aussi être tous neufs et tous beaux pour accueillir de plus en plus de visiteurs très bientôt. Reste qu'une fois entrée dans la ville, les vieux taxis tous déglingués, les minibus surchargés appelés "car rapide", et les fortes odeurs de pollution ont vite fait de me rappeller mon passage à Yangon en Birmanie et surtout que j'étais bel et bien dans un pays en voie de développement. Pays pour lesquels le seul fait de penser à préserver l'environnement est, à proprement parler, un luxe que très peu peuvent se permettre.
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Il faut aussi que je vous dise qu'avant de partir de Marseille, Philippe m'a convaincu de choisir un hôtel de bonne réputation, au moins pour la première nuit, histoire d'être certain de me rendre au bon hôtel et que ma réservation soit bien confirmée. J'ai donc opté pour le confort et choisi, par internet, le Novotel de Dakar pour 116 Euro la nuit. Évidemment pour le prix je m'attendais au grand luxe, mais j'ai vite déchanté parce que ça avait plutôt l'air du Motel Idéal. Un peu frustrant quand on sait que les coûts d'opérations ne sont certainement pas les dépenses principales de l'hôtel. Bon, n'allez pas croire que je me plains là... je fais une constatation. Heureusement, j'ai bien dormi. C'est donc ce matin que, frais et dispo, j'ai fait le grand saut.
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Bonjour Dakar! Curieux et convaincu que j'allais devoir me débrouiller seul et n'accepter aucune aide de qui que ce soit, j'y tenais, je mis le nez dehors. Abdou fut la première personne à m'adresser la parole pour, vous l'aurez deviné, m'offrir son aide. D'un air sérieux, je le regardai droit dans les yeux et lui répondis sèchement un non merci. Aussi, toujours persuadé de la nécessité de garder mon indépendance, je poursuivis ma route et me dirigeai vers la Place de l'indépendance. Abdou, nullement découragé par mon attitude, continuait de marché à mes côtés en me posant toutes sortes de questions que j'essayais maladroitement d'ignorer. Arrivé au coin d'une rue, je sorti mon plan de la ville pour me repérer un peu. Abdou vit aussitôt sa chance et me dit: vous cherchez une banque, vous voulez déjeuner, vous cherchez le Palais Présidentiel? C'est à ce moment que je craquai, mon estomac avait gagné; j'avais une faim de loup et j'étais un peu perdu. Alors, je lui demandai s'il connaissais une place ou on servait du bon café. Il n'en fut pas plus pour qu'Abdou poursuive son pitch de vente et arrive assez facilement je l'avoue, à me convaincre de devenir mon guide. Donc, sans plus tarder mes chers amis je vous présente mon guide, Abdou!
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C'est donc flanqué d'Abdou que je fis le traditionel et assez joli tour de ville; palais, basilique, parlement, etc. Mais ce sont surtout les petits détails qui ont vite fait d'attirer mon attention et de m'intriguer. Par exemple, le baobab de Dakar, un arbre de plus de 600 ans situé en plein milieu de la route que tous les gens qui le croisent, touchent de leur main gauche en faisant un voeux ou une prière. D'ailleurs, il parait que certains baobabs, les plus vieux sont à Madagascar, seraient âgés de 2000 ans?! Plus tard, Abdou m'amena au marché de Dakar. Un endroit grouillant d'activité qui compte entre autres un espèce d'entrepôt boucherie dans lequel je n'aurais jamais mis les pieds si ça n'avait été d'Abdou. En y entrant, j'ai tout de suite pensé au film "Massacre à la tronçonneuse". Les images étaient tellement fortes que je vous mentirais en disant que je n'ai pas songé sérieusement à devenir végétarien... l'espace d'un instant. Un peu plus loin dans le marché, se trouvait la section des fruits et légumes. Fallait le savoir; une espèce de grande cave creusée dans le sol et remplie d'échoppes collées les unes sur les autres, chacune couverte d'un morceau de tôle tout croche servant de toit. Là-dessous, chaque centimètre carré était occupé. Je n'avais jamais rien vu de pareil. C'était comme si on avait voulu faire entrer toute la marchandise d'un Club Price dans un dépanneur du coin. Au fur et à mesure que l'après-midi passa j'étais de plus en plus content d'avoir accepté l'offre d'Abdou. Car vraiment, sans mon guide je n'aurais probablement jamais visité ces petits coins de la ville que je n'aurais d'ailleurs jamais même remarqués ou alors osé explorer.
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D'autre part, comme je le disais plus tôt, Dakar ne semble pas être une ville affligée par la pauvreté. Bien sûr elle connaît son lot de misère comme toutes les grandes métropoles, mais il semble qu'elle se fasse plutôt discrète. En fait, ce qui saute aux yeux c'est plutôt le contraire: appartements de luxe avec vue sur mer, nouveau palais de justice, grandes banques internationnales, Mercedes, BMW, Porsche Cayenne... Bien entendu, je n'ai visité que le centre ville mais pour cette partie, la vie à Dakar Centre m'apparait tout compte fait assez agréable. Ceci dit, c'est jeudi que mes impressions risquent de changer, car nous partirons visiter la ville de St-Louis un peu plus au nord et cette fois, je m'attends au vrai dépaysement. À suirrre.
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Enfin, mes amis je ne saurais vous quitter sans vous glisser un petit mot sur la crise économique.
Vous vous souvenez, Ben Bernanke le président de la réserve fédérale américaine? Et bien, il a fait un discours aujourd'hui dont j'ai bien aimé le ton. Il a affirmé entre autres que " le marché financier doit se redéfinir de manière holistique et doit prendre en considération la totalité des intervenants" en ajoutant que " l'avenir de la finance mondiale repose sur une concertation mondiale plutôt que chaque pays qui s'occupe de ses affaires". Surprenant, non? Serait-ce un autre indice nous permettant de croire que l'on s'éloigne de l'individualisme d'état? Malheureusement ici, les médias n'en parlent que très peu. Pourquoi? Je le découvrirai peut-être. Tout ce que je sais pour le moment c'est que ces derniers couvrent en grande partie la tentative de meurtre, oups excusez-moi, l'accident de Morgan Tsvangirai, le premier ministre du Zimbabwe, qui partage le pouvoir avec Robert Mugabe. Comment les blâmer?